Il faut que le lynchage public des gens s’arrête car cette descente aux enfers est inadmissible sur le plan éthique et intolérable sur le plan des droits de l’homme.
Il est intolérable que la scène politique, depuis quelques temps, ne se résume plus qu’en diffamations et dénonciations sans fondements juridiques.
Il est encore plus intolérable que cette initiative vienne d’en haut.
Les Tunisiens plutôt que de s’entre-dévorer pour des leurres doivent s’inquiéter en priorité de la rentrée sociale et plus particulièrement de la rentrée scolaire et il ne faut pas qu’ils perdent de vue l’impasse institutionnelle actuelle et surtout la paralysie de l’État que nous constatons jour après jour.
La vie politique ne doit pas être un cirque et la vie des Tunisiens ne doit pas être « livrée aux chiens ».
Mokhlès Marzouki
Les nouveaux Khmers rouges…
Toutes les sociétés démocratiques sont traversées par des clivages sociaux, politiques, idéologiques, culturels, toutes ont des difficultés d'insertion sociale, toutes gèrent les conflits sociaux grâce à l'arbitrage des institutions démocratiques, les inégalités, les injustices, la pauvreté, le chômage ne sont pas l’apanage des pays sous-développés, même si les mécanismes de solidarité ne sont pas identiques et même si la prise en charge dans les pays nantis et les prestations sociales atténuent un tant soit peu les frustrations et les colères sociales…
Or, ce que nous constatons en Tunisie depuis 2011, c'est que ces clivages ont été accentués et ont engendré de nombreux conflits parce que nous éprouvons de réelles difficultés à nous extraire de la mentalité du parti unique et des mœurs héritées de soixante ans de dictature policière…Étrange que la différence soit encore perçue comme un facteur d'instabilité et que les dissensions soient assimilées à une menace à l'ordre public.
Étrange que la critique soit diabolisée et considérée comme une trahison, que l'expression de l'opinion soit soumise régulièrement à l'opprobre et à l'inquisition, que le fait de manifester son désaccord soit associé à une forme de connivence avec des pays étrangers et que toute voix qui s'oppose au chœur des louanges soit discréditée et vouée aux gémonies …
C'est gênant et embarrassant d'observer cette dérive fasciste et populiste alimentée par le mensonge, l'intox, les campagnes de dénigrement et les campagnes d'intimidation orchestrées par les nouveaux Khmers rouges…
Le vivre-ensemble dans une société démocratique est garanti par la Constitution et par des lois qui protègent la liberté d'expression et le droit des minorités, l'impression c'est que nous assistons à la résurrection des fantômes du passé et que les revenants ne sont jamais partis.
Chiheb Boughedir