Alors qu’on n’en finit pas de se préparer à lancer les réformes dont on attend qu’elles redonneront aux investisseurs, d’ici et d’ailleurs, le goût d’investir et de travailler sous nos cieux, voilà que certains secteurs profitent sans doute d’une certaine accalmie pour renouer avec la croissance. La nouvelle est tombée tout récemment, certifiée par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation : les déclarations d’investissement ont marqué depuis un an — de janvier 2015 à janvier 2016 — une accélération de 286,8% dans le secteur des industries mécaniques et électriques (IME). Certes, ces chiffres reflètent en grande partie l’arrivée dans notre paysage industriel de deux grandes unités de fabrication, mais cette donnée elle-même s’inscrit dans un contexte de relative croissance des exportations.
Bref, alors que le secteur agroalimentaire marque une chute brutale, il fallait bien que d’autres secteurs se chargent de jouer le rôle de locomotive de l’économie. Ce rôle revient actuellement au secteur de l’industrie mécanique et électrique, mais aussi, et dans une moindre mesure, au secteur des industries chimiques.
Faut-il en conclure que, finalement, les réformes ne sont pas si nécessaires, en arguant que certains secteurs s’en passent fort bien pour retrouver la voie de la croissance ? Ce serait aller vite en besogne. Comme dans les autres secteurs, les professionnels de l’IME attendent avec impatience les changements qui doivent survenir, en particulier au niveau du Code des investissements et de l’administration.
D’ailleurs, et sans bouder la satisfaction que procurent les bons chiffres, il faut rappeler que le secteur mécanique et électrique souffre de certaines fragilités en Tunisie. Arrimé à l’industrie automobile et aéronautique européenne, il subit les aléas du marché de l’autre côté de la Méditerranée. Ce qui signifie qu’il lui reviendrait à l’avenir de consolider sa capacité à diversifier à la fois ses partenariats et ses cibles commerciales : l’Afrique et d’autres régions du monde sont des marchés à explorer.
L’effort pourrait aller aussi vers un meilleur taux d’intégration, synonyme de plus de travail et de plus de richesses créées sur notre sol, mais également vers l’affirmation d’un label reconnu, d’un savoir-faire local qui s’afficherait à travers des produits finis... Ce qui, d’ailleurs, engagerait en aval un travail de marketing au profit de l’ensemble du secteur.
Mais qui peut croire qu’une telle mobilisation autour du «made in Tunisia» soit possible, dans ce secteur comme dans d’autres, sans une administration qui joue pleinement le jeu ?