Mme B’chira Ben M’Rad n’est plus

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Fouinant en bon investigateur dans les papiers de feu mon père, Ali Lafif( 1927-2007), j’ai trouvé ce petit mot dithyrambique, dédié à une grande dame de la lutte et du militantisme pour les droits du citoyen et de la citoyenne tunisiens, œuvrant avec ardeur et énergie pour leur octroyer tous leurs droits civiques et nationaux. Cette dame digne et noble était sa grand-tante par alliance, mariée à feu son grand –oncle si Salah Zaher, dont elle éleva les cinq enfants issus d’un second mariage.C’est avec fort émotion que je vous transmets comme une élégie ces bribes de phrases sur Lalla B’Chira(1903-1993) ; dont mon père fut un fidèle défenseur et un filleul admirateur :

« Les Tunisiens et tunisiennes de la génération des années 1950 se souviendront du militantisme au sens propre du terme d’une femme qui s’est dépensée sans compter, malgré la conjoncture difficile et hostile de l’époque, pour venir au secours des étudiants de l’époque. En effet, les colis aux différentes occasions, les fêtes organisées à leurs profits, les prêts d’honneur ne se comptent pas à un moment où les temps étaient des plus défavorables.

Que de fois, elle a été interpellée par la police de l’époque, la retenue pendant plusieurs jours à la gendarmerie de Lafayette et bien d’autres inculpations. Convaincue pleinement de la cause qu’elle défendait, consciente du rôle déterminant que doit jouer la femme tunisienne dans les circonstances du pays, elle est parmi les premières à penser à la fondation de l’Union des Femmes Tunisiennes. Elle l’a créée en s’entourant d’une pléiade de femmes aussi dévouées qu’elle pour les causes nobles et altruistes. Que son exemple d’abnégation, de sacrifice serve d’exemple et de sujet de méditation aux femmes de notre époque, où les exemples de courage et de dévouement se font de plus en plus rares. »

Telles étaient les paroles chaleureuses et sincères de mon vénéré père à une femme qui l’a aidé dans sa prime jeunesse et au début de sa carrière, lorsqu’il a été nommé instituteur dans le village de Sidi-Bou-Saïd en 1949 et qu’elle l’a logé dans la demeure familiale, un service d’entraide qui lui a été rendu pleinement quand il a mis à sa disposition un appartement de convenance dans la maison beylicale, à la fin de sa vie, dans les années 1980.

Qui sème le bien est récompensé au retour, un jour ou l’autre, malgré les aléas et les fioritures de l’existence. Honni soit qui mal y pense…

B’chira Ben M’rad est décédée le mardi 4 mai 1993, l’Etat tunisien a organisé pour elle des funérailles nationales, le jeudi 06 Mai .Son nom a marqué l’histoire contemporaine par son mouvement de libération de la femme tunisienne, paix soit rendue à son âme, passant de vie à trépas, de la tourmente à la sérénité…

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