Gouvernement low cost !

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Par ces temps de vaches maigres où la contestation sociale enfle précocement, il ne suffit pas d’être jeune, passablement beau et béni par tous les curés défroqués de Nidaa et alentours et à leur tête les deux évêques pour réussir à apaiser la rue et à chasser le spectre d’une crise prématurée.

Non, Chahed n’aura pas de période de grâce et ne pourra pas se contenter de quelques tours de passe-passe pour se rabibocher avec les sceptiques alors que son image est déjà esquintée par la vidéo fuitée où son comportement était à tout le moins indigne du poste qu’il occupe aujourd’hui .

Cet épisode consternant nous a révélé une personne inconsistante, superficielle, en quête de carrière politique et dont l’épaisseur morale a été battue en brèche par ces cris de « zoulou » en transe, hurlements que ne renierait pas le pire des hooligans anglais !

Le rafistolage médiatique ainsi que le coaching ne seront pas d’une grande utilité dès lors que le chef du gouvernement ne puise pas ses arguments économiques et politiques dans un registre qui est le sien, qu’il maitrise et dont il est convaincu.

Or, ni ce ton affecté ni ce maniérisme excessif, dus à son inexpérience et à sa volonté de séduire le citoyen, ne vont le rapprocher d’un peuple désabusé, immanquablement méfiant à l’égard d’une classe politique versant plus dans le populisme bon marché que dans un programme ambitieux, audacieux et capable de susciter à défaut d’enthousiasme, au moins de la curiosité et un intérêt mesuré et pondéré.

Les déboires de ses prédécesseurs ne sont pas de nature à le rassurer, bien au contraire, ils vont accroitre son anxiété d’autant plus que sa première semaine ne fut pas de tout repos : scandales en veux-tu en voilà, résurgence du phénomène terroriste après des mois d’accalmie, situation explosive dans le bassin minier où la production du phosphate est à l’arrêt, menaces de grèves dans des secteurs sensibles, quelques ministres dont compétence et performance sont proches de la nullité absolue…et cerise sur le gâteau : un Président qui empiète sur ses plates-bandes !

S’il se laisse adouber par plus malin que lui et qu’il ne compose pas avec la roublardise de plus futés que lui en termes de batailles politiques et d’arrangements douteux, il finira par devenir une proie facile dont se rassasieront les nombreux prédateurs qui l’entourent ou qui guettent, dans les coulisses, une de ces maladresses monumentales et impardonnables, pour l’évincer et précipiter la chute de son gouvernement.

2017 est une année décisive et ce moment crucial de l’histoire récente de la Tunisie nécessitera de la sérénité, de la transparence, du courage ainsi qu’une une volonté chevillée au corps afin de combattre la corruption et de réduire les inégalités sociales et régionales.

Dans ce combat titanesque, le gouvernement Chahed aura besoin de l’engagement actif et résolu des citoyens, des partis politiques, des associations, du syndicat, du patronat pour mettre en place réformes et programmes à même de ressusciter une économie moribonde, de déclarer la guerre aux lobbies mafieux et à leurs affidés, de traquer les fraudeurs, les corrompus, leurs complices, leurs relais…, de donner la priorité en matière d’emploi et d’investissement aux régions défavorisées, d’abréger les échéances pour que la Tunisie soit dotée d’une cour constitutionnelle, que les élections municipales se tiennent dans les plus brefs délais et que nous sortions de cette situation ubuesque où l’Etat, en pleine déliquescence, ne parvient plus à étendre son autorité sur quoi que ce soit.

Trois grands chantiers attendent des mesures exceptionnelles consacrant l’Etat de droit et le principe de l’égalité : l’éducation nationale, la santé publique et la justice, le succès de ce gouvernement passera inéluctablement par sa capacité à affronter tous les problèmes qui gangrènent ces trois secteurs et qui, en s’accumulant au fil des années, ont contribué à l’amplification du mécontentement populaire et à l’insatisfaction générale.

Face à tous ces défis, ce gouvernement, tributaire des humeurs du palais et des rivalités politiques, se trouve bien démuni, impuissant, désarmé et sans idées.

Condamné à agir dans un contexte où l’hostilité des uns et les cabales des autres font bon ménage, il ne pourra asseoir son autorité que s’il est en mesure de se libérer du joug de la politique politicienne et d’œuvrer de concert avec cette Tunisie citoyenne, honnête, intègre et prête à tous les sacrifices pour peu que l’Etat mafieux s’effondre et que ceux qui ont profité de ses largesses soient sanctionnés.

Si nous sommes dubitatifs, c’est parce que ce challenge n’est pas à la portée de ce gouvernement low cost et que la démagogie semble supplanter tout discours rationnel et orienté vers l’action.

La confiance autant que la méfiance ne naissent pas fortuitement, elles sont induites par le comportement de ceux qui gouvernent, plus le comportement est exemplaire, irréprochable, plus l’une se renforce et l’autre se dissipe.

Pour le moment et après les pétarades décrites ci-dessus, c’est la méfiance qui est de rigueur !

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