Scandaleux : l’ancien Président de la République censuré !!!

Photo

L’ancien Président de la République , Monsieur Moncef Marzouki, a accordé une interview, le 3 septembre dernier, à la chaîne de télévision privée « Ettessiaa ».Il était prévu que cette interview enregistrée, soit diffusée, hier à partir de 21heures, or, les téléspectateurs furent surpris de découvrir à l’ heure indiquée l'énième rediff du feuilleton ramadanesque de ladite chaîne.

Il appert que la direction d' « Ettessiaa » a reçu des instructions fermes pour que l'interview soit rangée dans les tiroirs et que sa transmission soit tout simplement annulée.

Des sources bien informées affirment que l'ordre de déprogrammer l'interview émane de Carthage et que le Président de la République ou ses proches sollicitèrent la direction de la chaîne pour que l'interview en question ne soit pas diffusée.

À l'heure qu’il est, ni la chaîne ni la Présidence de la République n'ont publié de démenti et il s'avère que ce silence accrédite la thèse que des pressions ont été exercées sur le propriétaire d'Ettessiaa afin d’empêcher l'ancien Président de la République de s'adresser, dans le cadre d'un entretien, à la nation.

En l'absence d’éclaircissements à même d’expliquer à l'opinion publique les tenants et aboutissants de cette affaire ubuesque, nous ne pouvons que déplorer le comportement des dirigeants de cette chaîne qui ont eu l’outrecuidante inintelligence de censurer les propos de l'ancien Président de la République.

Quelle légèreté ! Quelle désinvolture ! Quel manque de respect et de tact ! Quelle effroyable goujaterie !

Notre souhait est que Monsieur Caïd Essebsi soit étranger à cette décision stupide et qu'il ne soit pas impliqué dans une initiative qui porterait préjudice autant à lui qu'à la République Tunisienne.

Imaginez le raffut en France ou ailleurs, si d'aventure un François Hollande ou un Obama use de son influence ou de son pouvoir pour interdire la diffusion d'une interview de Sarkozy ou de Bill Clinton, ni l'un ni l'autre ne sont sots, quand bien même ils le désireraient, au point de censurer un rival politique et d'attenter sans coup férir aux principes énoncés dans leurs Constitutions respectives.

Une telle méprise, pour peu qu'elle soit commise, abrégerait leur carrière politique et les exposerait à des poursuites judiciaires, sans parler de l'opprobre dont ils se couvriraient.

Nous attendons et espérons un communiqué de la Présidence de la République, un communiqué qui exprime l'indignation de Béji Caïd Essebsi et sa condamnation ferme d'un acte de censure qui déshonore aussi bien ses commanditaires que ses exécutants.

Si la Présidence de la République ne réagit pas à cet affront, c'est qu'elle porte atteinte elle-même à la fonction de Président de la République qu'elle avilit et dégrade, consentant ainsi que des abus soient commis sans que leurs auteurs ne soient ni sanctionnés ni réprimandés.

Un tel silence serait entendu comme une forme d’acquiescement, ce qui, le cas échéant, ne ferait qu’accroître nos appréhensions quant au souci de Monsieur Essebsi de se débarrasser de ses vieux réflexes despotiques et de s'inscrire dans le processus démocratique actuel, qu'il ne cesse de fragiliser par ses postures inadaptées à l’esprit et à la lettre de la Constitution tunisienne.

Nous sommes en 2016, Monsieur le Président, et cette liberté, nous la devons au sang de nos valeureux martyrs. Nous saurons la préserver.

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات