A côté de la souffrance infinie et sans fin de la population d’Alep et de ses défenseurs, à côté du silence ou de l’émotion si tardive de ceux qui se sont laissés enfermer dans le piège du “tous contre Daech et seulement contre Daech” qui a conduit à cette impasse, il y a en effet l’insupportable arrogance de tous ceux, de plus en plus nombreux - de l’extrême droite de Le Pen à, plus pitoyablement encore, la “gauche” de Jean Luc Mélenchon- qui ont l’obscénité d’euphémiser cette violence ou de la nier.
Ils le font au nom... d’autres massacres, ceux de l’aviation saoudienne au Yémen notamment, dont personne ne songe pourtant à nier la réalité, qui auraient mystérieusement pour vertu de “justifier” ceux là.
Ils le font plus structurellement parce que l’islamophobie ambiante a, jusqu’au sommet de la classe politique, rongé les distinctions essentielles entre “musulmans” et “djihadistes”. Ils le font enfin par une appréciation totalement irréaliste des responsabilités du drame des Aleppins et des Syriens.
Les relais (notamment, hélas, chrétiens) du régime s’emploient à suggérer que notre émotion et notre compassion devraient en quelque sorte se partager équitablement entre les cratères et leurs victimes et les canons et leurs servants. La propagande nous demande aujourd’hui de renvoyer dos à dos les tirs dérisoires de “missiles” fabriqués avec des bouteilles de gaz ménager que, pour tenter de briser leur encerclement, les rebelles (ceux là dont on nous disait que le Qatar et l’Arabie les inondaient d’armes sophistiquées) ont effectivement dirigés contre les zones tenues par l’armée gouvernementale et ses milices chiites.
A l’inhumanité, ils rajoutent l’aveuglement. Ceux-là demain se demanderont “mais d’où vient donc cette violence? “ que nous sommes pourtant en train de distiller dans le cœur des milliers d’hommes et de femmes que nous laissons vivre - ou mourir - pour le pire.