Certains mécanismes de marché sont souvent automatiques ou, du moins, le plus souvent prévisibles. On sait, par exemple, qu’une annonce de baisse des taux va provoquer la hausse des cours obligataires. Or, ces derniers temps, certaines corrélations ne semblent plus fonctionner ou alors elles tardent à se réaliser. L’élection surprise de Donald Trump semble avoir semé une confusion extrême sur les places financières.
Quand l’inflation monte, l’or…
Un exemple, parmi tant d’autres, est celui de l’once d’or (près de 31,1 grammes). On sait que le président élu veut mettre en place un plan de relance budgétaire de grande ampleur et cela pour, notamment, financer de nouvelles infrastructures. Il veut aussi baisser les impôts de manière à relancer les dépenses de consommation. Dans les deux cas, il s’agit de mesures qui auront – normalement – pour conséquence une hausse de l’inflation.
Dans ce genre de configuration, l’un des moyens de se prémunir contre les poussées inflationnistes est d’acheter des actifs tels que l’or. Relevons d’ailleurs que le métal précieux est aussi censé être un achat prioritaire en temps troublés. Or, loin d’augmenter, l’once d’or connaît actuellement une importante tendance baissière et a même cassé le plancher des 1200 dollars. Autrement dit, le métal jaune ne joue pas son rôle de valeur refuge.
Certes, l’once a bondit après l’annonce de la victoire de Trump mais cela n’a guère duré et le reflux est venu rapidement. On peut penser que la décision de l’Inde – grand acteur du marché – de geler ses importations jusqu’en mars 2017 a favorisé ce repli mais, dans un schéma normal, la perspective d’un retour à l’inflation (et donc à la hausse des taux d’intérêts) aurait du provoquer une hausse des prix de l’or. Si les explications manquent à propos de cette situation, de nombreux experts se demandent s’il n’est pas temps d’investir dans le métal précieux en pariant sur un retour aux comportements normaux de marché et donc de placements dans l’or.
Quand le dollar monte, le pétrole…
Un autre exemple concerne le pétrole. Tout nouveau venu dans une salle de marchés apprend deux choses : D’abord, que le prix des obligations varie en sens inverse des taux d’intérêts. Ensuite, que le dollar et les cours du pétrole évoluent le plus souvent en sens opposés. Actuellement, et c’est une conséquence de l’élection de Trump, le dollar est dans une tendance haussière. Cela aurait dû coïncider avec un repli du baril. Ce dernier pourtant continue de résister.
L’explication, dans ce cas, est liée aux efforts de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de s’entendre autour d’une réduction de l’offre (pour limiter la baisse des prix). Autrement dit, la résistance des cours du brut se maintiendra tant que le marché espérera que l’Opep trouve un accord. En cas d’échec, la baisse des prix du baril risque d’être violente : à la déception liée à l’absence d’un accord de réduction des pompages s’ajoutera l’effet mécanique relevant de la hausse du dollar.