Retour des Djihadistes… les déchoir de leur nationalité ?

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Le gouvernement actuel semble faire face à un problème insoluble sur la question du retour de Syrie, des criminels de guerre pour les uns, des égarés pour les autres. Il est face au même piège que celui qui a été tendu à la Troïka (et qui l'emporta) face à la déferlante des salafistes dans les rues de Tunis dans les années 2012-13 : les réprimer c'était se faire taxer de gouvernement coercitif, ne rien faire c'était se faire accuser de collusion avec les forces des ténèbres.

Le tout à l'orée d'une transition démocratique.

Et à présent, au-delà des clivages partisans, c'est toute la classe politique qui est en butte à cette problématique, puisque le fait est que, persiste dans l'opinion publique, toujours prompte à simplifier les choses, l'idée suivante : "la Troïka a laissé partir des terroristes vers la Syrie, le gouvernement actuel les a laissés revenir..."

Cependant, d'aucuns pensent que la solution (de facilité) réside dans la déchéance de la nationalité en violation même de l'article 25 de la constitution de 2014 : "il est interdit de déchoir de sa nationalité tunisienne tout citoyen ou de l'empêcher de retourner dans son pays".

Le plus surprenant est que cette idée est maintenant défendue par ceux qui, parmi notre élite bien-pensante, s'en sont pris à Hollande dans sa tentative d'adopter la déchéance de nationalité en France suite aux sanglants attentats de novembre 2015.

Schizophrénie légendaire des grandes "consciences et voix" que compte notre pays…

Maintenant que les choses étant ce qu'elles sont, du fait de l'impossibilité d'empêcher le retour des djihadistes ou encore de les déchoir de leur nationalité, il semble que la Tunisie ne pourra pas faire l'économie d'une "loi du repentir" pour faire le tri parmi tous ceux qui reviennent de Syrie : d'une part ceux qui se placeront sous la coupe de cette loi en renonçant à la violence armée seront étroitement surveillés et pourront dès lors avoir une seconde chance, d'autre part, ceux qui la refuseront devront être identifiés comme de potentielles menaces à la sûreté de l'Etat et présentés à la justice comme telles.

Si l'Algérie des années de braise et de la "décennie noire" (1995-2005) a su tourner la page du terrorisme, alors qu'elle a connu plus de 100 000 morts sur son propre territoire, par le biais du "al-oui'am al-madani" (concorde civile) permettant la réintégration de 6000 terroristes repentis du GIA, ayant semé, non pas dans de lointaines contrées, mais qui plus est sur leur sol natal, la mort de milliers de gendarmes et policiers ainsi que de dizaine de milliers de civils, la Tunisie de la transition démocratique réussie et des 4 Nobel de la paix peut le faire. Et devra le faire.

Au lieu de se borner à réagir à posteriori, comme dans les cas de l’adolescente violée et contrainte d'épouser son violeur, de l'assassinat de Zouari par les barbouzes d'un service secret ennemi et de l'agression de ressortissants congolais, par l'amendement du code pénal, la création d'un centre de renseignements généraux et l'élaboration d'une loi punissant le racisme, l'actuel gouvernement "d'union nationale" gagnerait à préparer, d'ores et déjà, les esprits, en engageant un large débat sur l'éventualité d'une loi de repentance générale. Avant l'irréparable.

Il est donc urgent que nous y réfléchissions tous, au lieu de brandir la peur comme seul mode de pensée.

Laquelle ne fera que le lit et la lie du terrorisme…

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