Au sujet du droit de vote des sécuritaires…

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Au sujet du droit de vote des sécuritaires tel qu'adopté aujourd'hui par l'ARP, voici l'inquiétant témoignage du général à la retraite, Mohamed Meddeb, dans une tribune pour le journal "la presse" et qui en dit long sur les mœurs politiques de cette nouvelle classe dirigeante vis-à-vis des sujets majeurs qui concernent notre société :

« En conclusion, que notre élite assume ses responsabilités envers ce pays et ces institutions dont les priorités sont bien ailleurs. Encore une fois, l’exercice du droit de vote n’améliorera en rien les capacités opérationnelles des corps armés, n’ajoutera rien à la citoyenneté de leurs agents et ne changera pas leurs conditions socioprofessionnelles.

Les priorités de ces corps vont plutôt à de meilleures conditions sociales, à une meilleure instruction, de meilleurs équipements et à de profondes réformes de la législation, de la formation des cadres, de l’organisation des structures, à la réforme du service national…

Voilà des dossiers de fond et prioritaires que nos honorables députés auraient mieux fait de creuser en priorité. Par ailleurs, compte tenu de sa sensibilité, de la gravité de ses conséquences et de la fragilité de l’étape que traverse le pays, la décision définitive de l’octroi de l’exercice du droit de vote aux corps armés peut très bien être reportée à de meilleurs jours.

Pourquoi toute cette précipitation donc, à conclure si hâtivement, sans le débat qu’elle mérite, une aussi importante problématique de défense et sécurité nationale et non comme présentée par certains, comme étant un simple détail de droit constitutionnel ?

L’absence de débat approfondi autour de cette question n’a pas permis de répondre aux véritables questions qui se posent au pays non seulement aujourd’hui mais aussi concernant son avenir sécuritaire. Les différentes parties se sont cristallisées autour de choix dogmatiques, faits a priori, dans le meilleur des cas selon une lecture académique de très respectables constitutionnalistes et droits-de-l’hommistes, mais ne tenant aucunement compte des spécificités de ces corps et des exigences pratiques pour la réussite dans leurs missions.

Le manque de maîtrise de notre élite des problématiques de défense et sécurité nationale n’a pas aidé non plus à bien cerner tous les aspects de la question, de droit, droits de l’Homme et libertés, mais aussi les exigences réelles et pratiques de la sécurité du pays. La «Commission du règlement intérieur, de l’immunité et des lois parlementaires et électorales», chargée de l’étude de l’amendement, n’a même pas jugé utile de demander l’avis d’institutions, d’associations ou de personnalités spécialisées, du moins c’est ce que ressort de son rapport. Permettre ou non l’exercice du droit de vote aux corps armés n’est pas un détail, c’est une question vitale d’envergure nationale et de lourdes conséquences pour le pays. Que nos honorables députés se ressaisissent !

On ne fait pas une loi en tenant compte juste des intérêts immédiats des partis politiques, n’a-t-on pas répété à satiété «la patrie avant les partis» »?

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