Peuple est un terme générique pour regrouper les malades, les plaignants ou les accusés, les parents d’élèves qui se saignent pour payer des études à leurs enfants, la foule qui fait la queue à la STEG ou la SONEDE pour payer ses factures, les passagers de ce transport public qui n‘arrive jamais à l’heure, le contribuable auquel le comptable retient, sans demander son avis, les impôts que d’autres refusent de payer, le consommateur qui subit les diverses taxes, droits et inflation sans broncher, tous ces bougres qui, le soir, regardent sur leurs écrans les avocats, les médecins, les juges, les enseignants, les fonctionnaires, les députés, les policiers, les pilotes…manifester et exiger encore plus d’avantages.
Mais, lui ne trouve aucune bannière sous laquelle il peut se regrouper et crier sa rage. Il ne peut que ruminer sa colère contre cet ordre qui le met dans ce panier des oubliés avec la grosse étiquette : « Peuple ». Il se contente, périodiquement de vendre ses voix contre des promesses qui s’avèrent souvent- toujours- monnaie de singe.
Alors il dort en pensant qu’à la prochaine révolution on ne le prendra pas deux fois. Il n’y aura ni Kasbah 1 ni 2, Yadh Ben Achour sera assigné à résidence, les grèves suspendues et les plus de cinquante ans seront interdits de politique…
Au moins, on lui a laissé le droit de rêver.