Chahed et la grande braderie !

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On ne peut plus parler seulement de marasme, de récession, mais notre pays traverse une grave crise économique et financière. Malgré les emprunts et l’endettement, on voit poindre le spectre de l'insolvabilité et de la banqueroute.

Chahed sur instruction de Béji Caïd Essebsi, pour renflouer les caisses, s’apprête à brader les sociétés à capital public. Comme seule issue à la crise, la tentation serait simplement la liquidation de certaines banques sous le cynique prétexte qu'elles sont non pas déficitaires mais qu'elles ne s’investissent pas suffisamment dans l'effort national.

L’on parle de trois banques. Mais de nombreuses sociétés publiques et parapubliques et un aéroport sont sur la liste avec ouverture des capitaux aux investisseurs privés Tunisiens et notamment étrangers.

Ce désengagement présenté comme « salutaire», puisqu'il va permettre d'injecter rapidement des liquidités, est en fait un bradage aveugle des entreprises nationales. Après six mois de la formation du nouveau gouvernement dit d'union nationale on constate qu'il n'a pas les "moyens " de son ambition politique et malheureusement pour lui, depuis son installation, le nouveau gouvernement accumule les déconvenues.

Les promesses, la démagogie, le populisme, les grands discours et les acrobaties politiques de Béji Caïd Essebsi seuls ne nourrissent pas les ventres affamés.

« Bajbouj » a appris, au détour de cette situation abracadabrante, que la politique ne peut jamais se passer d'une économie saine. Confronté à trouver de gros moyens face à une solidarité peu agissante et des engagements non tenus de la coopération internationale, le gouvernement Chahed est presque acculé à vendre ce qu'il a sous la main pour faire face à des besoins d'urgence.

Mais Chahed pourra-t-il vendre, comme il l'entend, les bijoux de famille des Tunisiens. Combien possède l'Etat dans les 3 banques et que peut-il vendre ?

Commençons d'abord par signaler que l'Etat ne possède, de manière directe à la BH (Banque de l'Habitat), que 33,37 %. Indirectement c'est l'Etap qui possède 16,57 % dans un capital total de 170 MDT. A la BNA, l'Etat ne détient que 23,49 % directement, la CNSS 7,6 %, l'Office des céréales 6,1 % et l'Office du commerce 5,18 %, dans un capital total de 160 MDT. C'est à la STB que l'Etat tunisien est actionnaire majoritaire à 71,54 %, à côté des 5,69 % de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), dans un capital total de 155,375 MDT.

A l'exception de la STB, et à moins de pousser toutes ses entreprises publiques, ses offices et ses caisses à sortir du capital des banques publiques, l'Etat ne pourra vendre que des participations minoritaires et en tout cas en-deçà des minorités de blocage. A moins de vendre ces participations au rabais et de brader des institutions financières de l'Etat, peu d'investisseurs se présenteraient pour acheter des banques qu'ils ne contrôleraient pas !

Pour des actionnaires comme l'Office des céréales, il sera difficile de vendre, avant que cet office, déjà fortement endetté, ne rembourse ses dettes. Il faudra par la suite trouver, et pour l'office et pour l'Etat lui-même, un autre bailleur de fonds pour les achats, incontournables et par avances de grosses sommes en devises, du blé pour faire du pain à la population. La même logique vaut pour l'Office du commerce. Chahed ne serait-il pas ainsi en train de mettre en péril le pain des Tunisiens ?

Mais la question qui se pose à tous : Chahed a-t-il les moyens de sa politique, est-il libre de ses décisions ? Non il obéit au diktat du FMI et même de l'Union Européenne, il est sommé par les marchés financiers et autres agences de notation financière de libéraliser, de privatiser. Sous prétexte de réformes nécessaires, d’ajustements structurels, de choc de compétitivité, il s'exécute comme un soldat obéissant aux ordres, tout en tentant d’expliquer pour se justifier qu’il n’y a pas d’autres issues, pas d’autres alternatives pour la Tunisie pour sortir de la crise.

Si le patrimoine, les biens publics des Tunisiens sont sacrifiés sur l’autel de l’austérité, les spéculateurs et autres prédateurs souvent très proches du pouvoir et des lobbies qui financent Nidaa se frottent les mains et s’apprêtent à profiter de la grande braderie pour acquérir des biens et services publics, à prix sacrifiés aux dépens des Tunisiens.

Voila à quelle sauce seront mangés les Tunisiens, voila les dessous du remaniement, les véritables enjeux, voila les dangers.

Ce qui est le plus inquiétant c'est que devant les problèmes non résolus comme le chômage, l’inflation, la cherté de la vie, la lutte contre la corruption qui marque le pas, la faiblesse du PIB, l'absence de visibilité et de perspectives ajoutés a la faiblesse de l'autorité de l' Etat, on assiste à une explosion sociale, une explosions de la misère qui aura des conséquences catastrophiques incalculables.

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