Il n’existe pas de vénalité anodine comme il n’existe pas de corruption banale et ordinaire.
En Tunisie et en dépit d’une « Révolution », gouvernement, présidence de la République et une bonne proportion de la classe politique semble plutôt enclins aux compromis compromettants et honteux si bien que « la réconciliation » promise à la mafiocratie ressemble à s’y méprendre à un camouflet pour l’Etat, pour sa Justice et pour toutes ses institutions, un déni de justice susceptible de légitimer les pires prévarications au nom d’une bien édulcorée « unité nationale » !
Chose bien étrange, même la « rue » demeure muette et incapable de s’insurger contre la permanence de phénomènes délictueux infâmes et abjects.
Dans la sociologie de la corruption en Tunisie, ceux qui n'ont rien à proposer en termes de chantage sont obligés de casquer à tous les étages: administration, police, douanes, justice, enseignement (cours particuliers), services municipaux….Sinon, les autres versent ce qu'ils engrangent illicitement à plus corrompus qu'eux….
Je plains les incorruptibles malgré eux et qui se font plumer par tout le monde.
Mais je plains davantage une société qui admet et tolère activement ou passivement la corruption sous toutes ses formes.
L'impunité encourage et instaure ce système bureaucratico-mafieux qui résiste à toute volonté de changement et influence le cours des évènements en Tunisie.
Un sursaut moral est indispensable…sinon, c'est le cataclysme.
Les petits voulaient ressembler aux grands….
Le processus de pourrissement a commencé le jour où les moins nantis ont voulu imiter les plus nantis et où les plus nantis décidèrent d'imiter les mafieux.
La République se transforma en une gigantesque machine à sous grâce à la multiplication par mille des fraudeurs, corrompus, escrocs, charlatans, petite et haute délinquance financière…l'impunité aidant, nous vîmes s'enraciner une mentalité de prédateurs si bien que les nombreuses prévarications devinrent des pratiques courantes et que concussion, clientélisme et népotisme entrèrent dans les mœurs du Tunisien.
Alors que pauvreté et misère prirent leurs aises dans la Tunisie oubliée, la Tunisie des margoulins accumulait richesses frauduleuses et biens mal acquis. Les honnêtes devenaient suspects et étaient accusés de sainte béatitude et de naïveté incommensurable, car pour survivre dans ce marigot infesté de requins, il fallait être malhonnête et souscrire au pacte des loups.
Je me demande parfois si un tsunami suffirait pour nettoyer les Écuries d'Augias…
Dans cette République La "Zatla " du pouvoir!!!
Celle-ci n’a pas été répertoriée parmi les délits passibles d'une peine de prison. Aucun indic, aucun délateur, aucun mouchard ne pourra donc vous accuser d'être addict, accro, vous pouvez en consommer autant que vous voulez même par les voies les plus criminelles et les plus crasses, on ne vous inquiètera pas!!!
Bref, ceux qui se sont adonnés pendant des décennies, sans retenue et sans pudeur à l'ivresse du pouvoir, commettant toutes les infractions possibles et imaginables, repoussant les limites de l'extase et du plaisir jusqu'aux turpitudes les plus sombres, ceux qui ont dévalisé ce pays, pillé ses ressources, ruiné son avenir, corrompu son peuple et abruti sa jeunesse bénéficient d'une impunité totale au grand dam du code pénal, de la justice vénale et des délateurs recrutés parmi le haut banditisme et la petite criminalité.
Vous, journalistes réactionnaires, penseurs d'opérette l'œil fixé sur le passé mauve, nationalistes en carton, écrivains futiles, avez peur de l'avenir en regardant vos dérisoires 3000 ans d'histoire passée alors qu'il reste des dizaines voire des centaines de milliers d'années au Tunisien pour écrire de nouvelles pages qu'on souhaite, peut-être naïvement, moins tyranniques et plus exaltantes !
Si vous pas comprendre, vous foutus. Des guignols, seul le peuple en pâtit.
Loi portant "sur la réconciliation économique"….provocation mafieuse et arrangements politiques….
Prétextant une "réconciliation de dupes", l'État paré de ses plus beaux atours mafieux prépare une loi organique, qui, en réduisant considérablement les prérogatives de l'IVD consacre le principe sacro-saint de l'impunité. Je n'entrerai pas dans les mécanismes de l'arbitrage, mais grosso modo, si vous avez commis un délit financier: fraudes, détournements de deniers publics, extorsion, évasion fiscale, corruption, concussion…et j'en passe et des meilleurs, le genre de délits que commettent les nantis, les hommes d'affaires, les véreux, les escrocs, les citoyens malhonnêtes, moyennant un triple salto arrière, une amende et une confession dont ne voudra même pas le plus défroqué des curés, vous serez blanchi, bichonné et retapé à neuf par l'État indulgent, compréhensif et bon samaritain.
Gagner des élections…juste pour rabibocher les copains-coquins…il fallait le faire…
La Révolution dans sa version bourgeoise est à l'œuvre au sein de l'ARP cantonnée désormais dans le rôle peu glorieux de caisse de résonance des lobbies mafieux qui, par députés interposés, y compris les pieux islamistes, imposent et confectionnent une loi des finances sur mesure pour s'enrichir davantage sur le dos du pauvre contribuable et s'assurer l'impunité en matière de fraudes fiscales et autres coquetteries financières.
L'État recule dangereusement et s'expose ainsi à toutes les formes de chantage.
En légitimant l'impunité par leurs discours, leurs initiatives et en réhabilitant tous les mafieux et tous les escrocs, présidence de la République et du gouvernement ont bradé l'autorité de l'État, le transformant en succursale des grandes enseignes du banditisme et de la corruption. Haro sur qui????
La réhabilitation politique et économique des clans mafieux et assimilés est une abjection morale qui a soulevé un tollé général avant d'être provisoirement confinée.
À la faveur d'arrangements politiques au sein de la majorité, elle réapparaît, et si la société civile demeure muette et ne réagit pas pour dénoncer l'institutionnalisation de l'impunité, cette loi scélérate passera et nous aurons assisté à la mise à mort de l'État de droit et à la promulgation officielle de l'État mafieux.
Si d'aventure, il vous semble que corruption, concussion, clientélisme, malversations, fraudes sont des tares mineures qui ne méritent pas sanction, c'est que vous abusez de la cocaïne.
"Je pleure ma Tunisie"
Cette rengaine, nous la connaissons tous, Monsieur le Président, mais le patriotisme se mesure à l'aune des actes concrets pas des discours et des "je pleure ma Tunisie" chantés à la cantonade.
Donc, si votre projet de loi est contesté, c'est parce qu'il est contestable et que les patriotes que nous sommes, refusons que des corrompus et des escrocs bénéficient de l'impunité sous prétexte que les finances publiques sont au plus bas et que les investissements sont en net recul. Ce laxisme a été dénoncé par les allemands qui n'envisagent d'investir en Tunisie que si L'État combat avec fermeté la corruption, et les Boches, ça ne rigole pas, le pauvre Tsipras en sait quelque chose.
Alors, si votre funeste proposition est rejetée, ce dont je doute, ou amendée par le parlement, c'est parce que de vrais patriotes n'admettent pas que des margoulins s'en sortent avec les honneurs.
Nous savons ce qui s'est passé en Tunisie pendant 23 ans et même après, pas la peine de nous raconter des salades. Qu'adviendra-t-il de l'IVD? La vénalité n'est plus un délit.
En l'absence d'une vraie opposition, en l'absence d'une vraie stratégie de développement, en l'absence d'une vision de l'avenir, en l'absence d'une volonté commune de transcender les égoïsmes de classe, les intérêts corporatistes, les querelles puériles, les faux débats idéologiques et de mettre fin aux privilèges indus et à l'impunité dont bénéficie la caste des mafieux, il serait aberrant d'imaginer une issue quelconque à une crise structurelle et profonde gérée selon des calculs d'apothicaire et par des incompétents et des corrompus.
Naviguer à vue est l'œuvre d'une classe politique et économique, médiocre, douée uniquement dans l'art de la diversion et de la manipulation.