Ni les gains militaires ni les gains politiques ne sont à la hauteur des investissements financiers et politiques des pays du Conseil de Coopération du Golfe et leurs alliés du monde sunnite. Et bien moins encore du formidable coût humain subi - dans une atmosphère de relative indifférence de la communauté internationale - par la population de l’un des pays les plus pauvres de la planète.
Pas plus Sanaa que Taez n’ont été repris aux mains des Houthis et de leur puissant allié et sponsor Abdallah Saleh. Le remède - des bombardements aériens, une campagne terrestre, un embargo aérien et maritime auxquels les occidentaux, y compris les Français, sont associés - s’est manifestement révélé pire que le mal.
Les Houthis et Saleh, même s’ils semblent eux aussi être divisés, continuent à bénéficier d’un évident soutien populaire.
Depuis le début de la crise, le président Hadi est apparu comme le maillon faible d’une coalition traversée de multiples tensions. C’est dans ce contexte que les Emirats, l’un des principaux membres de la coalition, pourraient être en train d’explorer, fut-ce discrètement, l’idée d’une sortie de crise qui passerait par la sécession du Sud.
Ce serait le sens du soutien qu’ils ont continué à accorder à Aidarous al-Zubaidi (gouverneur d’Aden) et Hani Bin Braik (conseiller) après leur révocation par Hadi au nom de leurs sympathies sécessionnistes.
Ils viennent en effet d’annoncer leur décision de mettre sur pied une administration sudiste autonome.
Pour l'heure, le Président A.M. Hadi - même s'il est lui-même sudiste - est loin de s'être rangé à cette option. Ses soutiens saoudiens continuent sans doute à espérer faire chuter les Houthis et installer à leur frontière sud, pour prix de leur important effort militaire, un régime allié.
Au terme de 27 ans d’une réunification demeurée aussi fragile qu’incomplète, l’idée d’une partition nord sud du Yémen est toutefois peut être bien en train de faire son chemin.