Ivanka au pays des merveilles

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Tonton Miki ressemble étrangement à l’héros félin de l’auteur italien Giovanni Francesco Straparola le Chat botté (le Maître chat) qui utilise la ruse et la tricherie pour offrir le pouvoir, la fortune et la main d’une princesse à son maître mal-né et sans-le-sou. Initialement, le maître mal-né et sans-le-sou avait hérité de son père le meunier un chat, ses frères avaient hérité l’un du moulin et l’autre de l’âne.

Mort de faim, l’héritier allait manger le chat, mais celui-ci doué de parole le persuada de le laisser vivant, car il allait lui assurer la fortune. Le chat se mit à capturer des lapins et à les offrir au roi au nom de son maître qu’il présentait comme marquis de quelque chose lequel se trouve ainsi et à son insu de renom glorifié. L’histoire « Les Nuits facétieuses » montre l’excellence d’un chat consacré bonimenteur.

Pour ceux qui n’ont pas lu le livre et n’ont pas suivi l’actualité, il faut juste rappeler que les Saoudiens avaient financé la campagne de Hilary Clinton et qu’ils étaient les premiers à être menacés puis humiliés par The Donald Trump. Ils se retrouvent versant 500 milliards de dollars : 200 milliards en achat d’équipements et 300 milliards en investissement sur le sol américain. Ni la Bruyère, ni la Fontaine, ni Kalila et Doumna des Perses (des Arabes) ni Charles Perrault des Français, ni Disney Channel des Américains ne peuvent imaginer ce qui se passe dans la tête des Bédouins devenus roitelets absolus grâce à l’alliance stratégique du wahhabisme, qui a assassiné ou abruti des musulmans, avec l’impérialisme britannique, qui a colonisé et assassiné ces mêmes musulmans.

Le diabolisme du colonialisme ressemble aux ruses de Satan, mais certains colonisés voient en Satan l’ami béni. Le musulman devrait être intelligent et lucide, ne jamais se faire piquer deux fois au même endroit et par le même serpent selon ce qui a été rapporté sur le Prophète (saws).

Donald Trump, Président des États-Unis d’Amérique, n’a pas choisi, par caprice ou saut d’humeur, l’Arabie saoudite comme première station dans sa sortie à l’étranger. Il a mis la pression sur les saoudiens pour les pousser à manifester leur traditionnelle servitude envers le pouvoir politique, médiatique militaire et financier américain.

Conduite par des vieux séniles, des jeunes stupides, des rentiers et une idéologie wahhabite, la monarchie saoudienne ne pouvait que répondre au chantage américain : pétrole saoudien en échange de la protection américaine sous l’ancienne dynastie wahhabite et tous les biens saoudiens contre la protection américaine sous la nouvelle dynastie wahhabite. Rien de nouveau sous le soleil !

L’ancienne dynastie, lignée du clan Abdelaziz, sous l’inspiration anglo-saxonne, a créé des mythes : serviteurs des deux lieux saints, organisation islamique, jihad contre l’URSS pour renforcer la présence américaine, céder la Palestine et affaiblir les mouvements nationalistes en quête d’émancipation de l’impérialisme. La nouvelle dynastie, lignée du clan Salmane, sous l’inspiration américano-sioniste parachève la démolition entreprise par les « anciens » et « innove » par la démolition de la Libye, de la Syrie et du Yémen.

Comme rien ne semble arrêter leurs trahisons et leurs félonies, ni peuples ni élites, les voici à l’œuvre pour offrir sur un plateau d’argent ce qu’aucun président américain n’avait espéré : financer la relance de l’économie américaine et agglomérer les armées arabes et musulmanes dans l’OTAN arabe (islamique) sous prétexte de lutter contre le terrorisme islamique.

Ce terrorisme qui a frappé davantage les peuples arabes et musulmans qu’occidentaux est le produit de la pensée wahhabite, le résultat de l’instrumentalisation de la religion à des fins mondaines, la mauvaise gouvernance despotique et insensée, la prédation cupide et vorace de la mondialisation capitaliste. Donc avec ou sans l’OTAN arabe et islamique, le terrorisme a encore de vieux et longs jours devant lui, car les causes qui l’ont généré et les acteurs qui l’ont fondé sont en place pour ne pas dire ceux qui prétendent le juguler.

En conséquence de JACTA, l’Arabie saoudite et ses consœurs vont être saignées à blanc pour la gloire de leur idole qui les asservit et les met en situation de « kwawda » (entremetteurs auprès des prostitués, des maquereaux et maquerelles). Pourtant l’Islam criminalise l’intermédiation dans les intrigues galantes, la fourberie ou la maquerellerie.

Si la loi républicaine romaine faisait des entremetteurs et des prostituées une caste d’infâmes, la loi monarchique des « Chouyoukhs » et des « Serviteurs des lieux saints de l’Islam » ont fait du maquereautage militaire, politique, financier, médiatique, une pratique licite et bénie. Il ne s’agit plus de plaire à Dieu, mais aux idoles de Washington qui par leurs directives font verser le sang des innocents, appauvrir les peuples et fragmenter des territoires.

Expert en cynisme et en narrative télévisuelle, The Donald a fait casquer les saoudiens. Les saoudiens insensés et hostiles à la liberté humaine et à la dignité des peuples ont fabriqué l’audience qui va continuer de démolir ce qui reste du monde arabe et musulman en Syrie et en Irak. Ils ont tout misé sur Donald alors que l’Amérique risque soit d’entrer en guerre civile ou de le destituer.

Au-delà de la haine contre Assad et les chiites d’Irak, il s’agit d’interdire la jonction idéologique et logistique entre deux armées arabes et musulmanes qui peuvent remettre en cause la suprématie militaire de l’État sioniste. Il s’agit d’anéantir ce que la République islamique d’Iran a construit sur le plan économique, politique, scientifique et militaire et de l’entraîner dans une nouvelle guerre. Il s’agit de désigner le Hezbollah libanais, le Jihad islamique et le HAMAS palestinien ainsi que l’ensemble des mouvements de résistance à l’occupation et à l’impérialisme comme mouvements terroristes à combattre.

Le gagnant est l’entité sioniste. Elle tire sa force du déchirement du monde arabe et musulman. Elle tire profit de la manne financière qui lui est restituée sous forme d’aide militaire américaine. Elle continue à se déployer grâce au soutien indéfectible et inconditionnel du véritable pouvoir américain : le complexe militaro-industriel.

Nous savions par lecture et par déduction que les monarchies arabes avaient des relations avec l’entité sioniste, maintenant nous savons que leur ennemi déclaré n’est plus l’entité sioniste, mais la République islamique d’Iran. Nous savons aussi que la manne financière accordée à « celui qui n’en croyait ni ses yeux ni ses oreilles devant la compromission arabe facile et gratuite » aurait pu libérer la Palestine, promouvoir la paix et le progrès dans le monde arabe et musulman, aider les paysans africains, asiatiques et sud-américains.

Au lieu de cela nous allons continuer de voir l’effusion du sang arabe et musulman présidée directement et ouvertement par les généraux sionistes et américains. Ce qui peut stopper ou augmenter cette effusion de sang c’est la mise en déroute de l’OTAN arabe et musulmane et ses commandements étrangers sur les terrains de combat réels c’est-à-dire la Palestine, la Syrie et le Yémen.

Nous savons tant par l’histoire que par leurs comportements erratiques que leurs cœurs sont dispersés et leurs têtes sont insensées. Ils n’ont ni stratégie victorieuse ni perspective de triomphe. Nous voyons déjà leur échec au Yémen où les Émirats tentent de doubler l’Arabie saoudite. Nous voyons déjà le Qatar jeté en pâture comme bouc émissaire de leur échec en Syrie et comme contradiction entre les wahhabites et les Frères musulmans.

Le Qatar va porter l’étiquette de pourvoyeur de fonds du terrorisme pour blanchir l’Arabie saoudite. J’avais prévu que Cheikh Al Qaradhawi finirait par se trouver sur la liste des recherchés par Interpol pour apologie du terrorisme. Il y a une logique implacable qui s’est mise en place dans ce qu’on appelle l’Islamophobie et le printemps arabe.

J’ai essayé de montrer dans mes livres et mes articles depuis 2010 qu’il y avait réellement une machination diabolique avec des visées de guerre et de prédation, cette machination s’appuie sur notre incapacité à comprendre les enjeux du monde et à notre suffisance intellectuelle qui n’arrive pas à distinguer l’accessoire de l’essentiel, l’ennemi de l’ami, le syllogisme fallacieux de la vérité, la narrative de la réalité.

Les « élites » prisonnières de leur délire de dénigrement du pouvoir en place (ou son opposition) et de leur quête assoiffée du pouvoir (ou son maintien) n’ont pas voulu se concerter pour une pédagogie de résistance et une pratique de défense contre Satan incarné dans l’impérialisme. Combien étaient nombreux et puérils les Pygmalions, ceux qui avaient soutenu ou justifié l’agression de la Libye, de la Syrie puis du Yémen au nom de l’islamisme ou de la démocratie.

En attendant le dénouement final de la tragédie, cherchons la morale de la fable du chat bonimenteur faiseur de marquis et de rois dans ce monde post moderne où domine le mythe de Hermès, ce demi dieu promoteur du spectacle, joueur de pipeau et protecteur des voleurs et des commerçants.

Les pays « démocratiques » sont pris de frénésie pour le spectacle, la beauté des apparences et le superficiel, ils sont en décadence civilisationnelle. On ne peut attendre des pays arabes et musulmans gouvernés par des insensés et habités par des insouciants un changement salutaire. Au royaume des chats bonimenteurs, des ogres et de la corruption l’homme intelligent et perspicace (al Halim) se retrouve perplexe et étranger. Dans cette situation de perplexité et d’étrangeté, deux angoisses sur lesquelles nous n’avons pas de réponse :

Quelle sera la facture à payer en vie humaines, en années de développement perdu si les insensés poussent leur insenséisme à la guerre contre l’Iran ?

Alors que le monde se dirige de plus en plus vite vers une domination des forces satanique quand les terres d’Islam vont se mettre à produire en qualité et en quantité les forces vives et lucides utiles aux hommes sans sectarisme ni bigotisme ?

Est-ce que les Sunnites ont l’autonomie de penser et le courage d’agir pour se libérer des carcans du wahhabisme, du frerorisme et du maraboutisme religieux et politique et se consacrer à notre véritable vocation de musulman (mouslimine) : croire librement et faire le bien.

Est-ce nous allons continuer à accepter les narrations comme elles se présentent et en faire des dogmes sans les soumettre au bon sens. Contre la logique évidente de la narration Charles Perrault veut faire croire aux enfants et aux adultes que la morale de l’histoire est :

Quelque grand que soit l’avantage

De jouir d’un riche héritage

Venant à nous de père en fils,

Aux jeunes gens, pour l’ordinaire,

L’industrie et le savoir-faire

Valent mieux que des biens acquis.

Et pourtant le récit est clair : le fils du Meunier n’a aucun mérite par lui-même et le chat n’a été ni industrieux ni laborieux, mais un manipulateur bonimenteur dont la ruse était facilitée par la naïveté déconcertante des paysans, des animaux, du roi…

Il est vrai que la Renaissance et les Lumières coloraient de leur idéologie matérialiste et « progressiste » toute production littéraire ou philosophique et annonçaient le triomphe du capitalisme technologiste. Ce capitalisme n’est pas fondé sur l’industrie et le génie humain mais sur le commerce inégal, la banque casino et l’exploitation des hommes. Le reste c’est du boniment.

L’Occident renaissant et éclairant a façonné notre mentalité, qu’elle se réclame de la république ou de la monarchie, du progressisme ou de l’islamisme, des gouvernants ou des gouvernés. Il fabrique du leurre pour des consommateurs de leurres surtout lorsqu’il s’enveloppe du merveilleux et du fascinant qui appelle à se démettre de son devoir de responsabilité et de lucidité. La réalité historique des saoudiens n’a jamais été le travail, mais la rente y compris la rente religieuse. C’est cette rente qui nous rend acceptable les discours méprisants d’Obama au Caire et de Trump à Riyad.

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