Le football a souvent été récupéré à des fins politiques. La puissance identitaire indéniable et les enjeux sociaux et économiques du football favoriseraient sa récupération par les hommes politiques qu'ils soient de gauche ou de droite, démocrates ou dictateurs.
Dans ce monde globalisé, le football reste encore un des seuls domaines à donner une visibilité puissante de "l'Etat nation". Le football offre une confrontation permanente des identités. Le sentiment d'appartenance à un territoire, à une nation est alors décuplé.
Cette symbolique identitaire peut être parfois porteuse de valeurs qui n'ont plus grand-chose à voir avec le sport...Il ne faut pas oublier que des équipes comme le club africain, l'étoile sportive du sahel, le club tunisien (l’actuel CSS) et tant d'autres équipes régionales ont été le porte étendard du nationalisme et de la lutte contre le colonialisme.
L'Espérance, une équipe de Bab Souika, populaire et patriote, avait eu à un certain moment Bourguiba comme vice-président. Les joueurs professionnels Algériens durant la guerre d’Algérie ont quitté leurs clubs (français) abandonnant leurs salaires, primes et autres avantages pour répondre à l'appel du FLN et venir se réfugier en Tunisie en solidarité avec la lutte du peuple Algérien pour l'indépendance.
En 1958, en pleine guerre d'Algérie, le Club Africain de Bab jedid qui participait à la coupe d'Afrique du nord des clubs avait refusé de jouer contre El Biar d'Alger après le refus des autorités ultras de l'Algérie française de hisser le drapeau Tunisien comme le voulait le règlement, onze petits tunisien avaient alors entonné « houmat el hima », eh oui, il y avait les jambes, la tête, du cœur et de l'honneur chez nos footballeurs.
L’histoire du football est jalonnée de matchs sulfureux qui l’ont fait basculer dans la sphère politique. L’une des rencontres les plus emblématiques de ce phénomène, c’est l'Argentine-Angleterre du Mondial mexicain en 1986.
Quelques années après la guerre des Malouines, ce match s’est inscrit à jamais comme la revanche de l’Argentine après l’humiliation subie par les Anglais. La main vengeresse - La main de Dieu - de Diego Maradona est devenue pour le monde, le symbole politique absurde d’une guerre qui l’était tout autant.
Le foot et la politique sont tellement imbriqués qu’un événement comme une coupe du monde devient forcément la vitrine du régime politique en place. En 1978, le Mondial a fatalement placé la politique au cœur de l’événement. Alors que l’Argentine traversait une des périodes les plus sombres de son histoire, des boycotts organisés dans l’Europe entière et en particulier en France, ont imposé un sursaut des consciences face à la junte militaire du Général Videla.
Le joueur Néerlandais Johann Cruyff avait décidé de ne pas participer à cette édition pour ne pas cautionner cette dictature.
La rencontre Egypte-Algérie a également fait les frais de l’intrusion du politique. Les relations entre les deux pays se sont extrêmement tendues après les incidents intervenus au Caire et au Soudan.
L’ambassadeur d’Egypte en Algérie fut même rappelé pour «consultation» après de graves débordements anti-égyptiens à Alger.
Il faut mesurer la juste place que prend le foot dans la vie des peuples.
Minimiser le rôle du foot, l'ignorer, le mépriser, ce n'est pas jouer sur un terrain gazonné mais sur un terrain miné.