Le défi numérique en Afrique

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Concernant l’Afrique, les clichés changent d’une époque à l’autre. Après le pessimisme, l’afro-optimisme a désormais le vent en poupe. Et le secteur numérique n’échappe pas à la règle.

Un récent rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) affirme ainsi que le Continent est le marché d’avenir pour tout ce qui a trait au digital. Il est vrai que les progrès sont importants. Des pays comme l’Afrique du sud, le Kenya, la Tunisie ou l’Egypte voient des pans entiers de leurs économies être gagnés par le numérique. Mais est-ce suffisant pour être aussi confiant ?

Des progrès à faire

De fait, la Cnuced met néanmoins en garde les pays africains sur le retard qu’ils prennent. S’ils veulent profiter des gisements de croissance qui existent dans le « big data » (traitement des données à grande échelle), l’intelligence artificielle ou les impressions en 3D (qui offrent des alternatives intéressantes au manque d’infrastructures industrielles), ces pays doivent rattraper le temps perdu.

Outre l’investissement dans les nouvelles générations d’internet mobile et dans les réseaux de fibre optique, l’une des urgences est le commerce électronique. La règle est simple : sans possibilités de paiement via internet, pas de développement des échanges.

De nombreux pays, à commencer par l’Algérie, sont encore à la traîne. Le paiement électronique, le paiement sécurisé via carte bancaire ou, tout simplement, le porte-monnaie électronique, ne sont pas disponibles pas plus que les transactions via téléphone mobile. C’est la conséquence directe de la faiblesse des secteurs bancaires qui n’ont guère investi pour le développement de la monétique.

L’autre grand enjeu est la logistique. Dans le monde, le numérique tire profit des grands bouleversements logistiques des années 1990 (et il les renforce aussi). Production en « juste à temps », « lean management » (gestion au plus près des ressources disponibles), optimisation des stocks, voilà les grands axes auxquels s’adosse l’économie numérique avec, en prime, l’optimisation des entrepôts.

Cette économie repose aussi sur la capacité d’un pays à garantir le bon état des circuits de livraison. Même si Amazon rêve de généraliser les envois par drones, la route, le chemin de fer et l’avion demeurent encore incontournables. Et il s’agit là de domaines où le continent africain doit absolument faire des progrès et éviter de privilégier les solutions de « débrouille » qui le maintiendront en marge des grands échanges internationaux.

L’enjeu de la sécurité

Enfin, la sécurité des données est un enjeu primordial. Le Continent s’est fait une petite réputation en matière de piratage et de développement de compétences en matière de programmation (Nigeria, Tunisie,…). Mais de trop nombreuses entreprises demeurent vulnérables aux attaques malveillantes et au piratage.

On voit mal le commerce électronique se développer si une industrie de la protection informatique ne se développe pas en étant encouragée par les Etats.

Comme pour les deux domaines cités ci-dessus, cela passe par d’importants efforts de formation à l’université ou en-dehors. Et dans ce cadre, l’Afrique anglophone, notamment le Kenya et l’Afrique du sud, a pris une sérieuse avance. En tout état de cause, la bataille pour le leadership continental a commencé depuis longtemps car le digital n’attend pas.

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