kâada Automnale
Mais où est passée la groupie de la littérature russe, Saint-Pétersbourg d’où elle naît d’un père naturel, une mère aristocratique qui l’élève dans la Maison Neuve de Genève, Madame de Moerder, dont elle ne se défera jamais.
Des souvenirs d’enfance inoubliables qui ont façonné sa personnalité de rebelle nomade, libre et voyageuse soucieuse de découvrir L’Afrique et la terre méditerranéenne, dérangeante et dérangée quelque part puisqu’elle touche aux extrêmes, en se laissant gagner par une mort prématurée et futile qu’elle aurait pu éviter .
C’était vendredi après-midi, par une très belle après-midi automnale où le ciel hammametois inondait de sa lumière éclatante la véranda-terrasse ,blanche comme de la pure levure, de Dar ou Villa Sébastien, au Centre Culturel de Hammamet …Notre ami Hatem Bourial nous réunit pour une intime rencontre autour du thème du séjour Ebherdartien à Tunis.
L’assemblée était surtout constituée de touristes étrangers résidant à Hammamet à longueur d’année, seuls trois ou quatre tunisiens occupaient les interstices du lieu. Mais où sont passés les adeptes de la littérature, les vétérans de ce lieu magique, situé juste à une heure de trajet de la capitale Tunis.
La consommation effrénée a devancé d’un pas gigantesque la culture, reléguée au dernier plan depuis que la loi du seigneur régente une société inculte, le mal être germe en nous comme des champignons noirs pourris.
Bref, revenons à nos moutons, la conférence se déroule dans un cadre serein où flotte encore l’âme de Gheorge Sébastien, mécène roumain qui a conçu et fondé cette maison pour recevoir de nombreux hôtes.
Dar Sébastien est vite devenue un lieu cosmopolite de rencontre d’artistes, d’intellectuels et de personnalités de tous horizons. De 1932 à 1962, peintres et écrivains séjournent régulièrement dans ce chef d’œuvre de l’art architectural hammametois.
Pendant la guerre, elle abrite le maréchal Rommel qui la réquisitionne pour y vivre le crépuscule de son rêve africain et qui cède la place, ironie de l’histoire, à Winston Churchill qui y rédige une partie de ses mémoires. Six années après l’indépendance, le domaine est vendu à l’Etat Tunisien qui y crée le centre culturel.
Trêve de cet historique captivant à l’extrême pour revenir à notre intermède qui était des plus passionnants et qui a fasciné l’auditoire, accroché aux lèvres de notre ami le raconteur, moi compris j’aurais susurré les mêmes mots, les mêmes déductions et impressions. Je vous dirais simplement quelques mots, je réserve le meilleur pour notre prochaine communication binaire, Hatem et moi, sur le concept de liberté et les sources d’écriture d’Isabelle la grande, disparue trop vite, qui incisait les mots de sa verve poétique.
I comme Icare, E comme Epicure, I comme islam auquel elle s’est convertie après avoir fait le tour des confréries maghrébines, A comme allure et look androgyne, A multiplié par quatre : son frère chéri Augustin, Saint-Augustin le navire qui l’a emmené de Marseille à Tunis et l’évêque d’Hippone Saint-Augustin fils de Monica et enfin ALI Hosni Abdul Wahab qu’elle aima et connut intensément lors de son séjour tunisien ,de avril à octobre 1899, quelques mois avant sa mort.
Beaucoup de réflexions, de phrases à analyser .Son désir était de se fixer à Tunis pendant six mois, de vivre dans une famille parmi les gens du livre-min ahl al kitab-.A-t-elle été heureuse ou malheureuse ici en Tunisie, plutôt dans le sahel tunisien où moins de déboires et de déceptions l’attendaient !
En tout cas, elle se familiarisa très vite avec la ville blanche et avec la Tunisie douce, trop douce pour elle. Le séjour prenait une allure fiévreuse, Isabelle vivait un carnet à la main. Elle avait retrouvé à Tunis le goût d’écouter et de voir.
En tout cas, à son départ, elle déclara avec regret qu’elle ne reverra plus la Tunisie, où elle s’est sentie revivre. Et c’était vrai, horriblement vrai. Et la suite viendra en temps voulu…