Une République schizophrène, sans boussole politique ?

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Schizophrène ? Le mot n’est pas trop dur. Car que dire d’une classe politique française qui, dans son immense majorité, tient d’un côté un discours en faveur de la démocratie dans le monde musulman, et de l’autre s’inquiète que les résultats des urnes portent les Frères musulmans au pouvoir, puis applaudit le renversement de leur parti par la force des armes.

Cette attitude hypocrite a nourri directement la communication d’al Qaida puis de l’État islamique : « Ces dirigeants occidentaux qui vous parlent de démocratie sont en fait les premiers oppresseurs, complices des dictateurs arabes et des massacres commis contre les musulmans. » Voilà, en substance, le gros de la propagande jihadiste. Notre politique étrangère lui fournit tous les cas d’école dont elle a besoin.

L’Égypte en est le meilleur exemple. À l’été 2013, l’Occident et les régimes autoritaires arabes, y compris l’Arabie Saoudite, soutiennent le coup d’Etat contre le président égyptien élu démocratiquement un an plus tôt. Au début du mois d’aout, plusieurs centaines de ses partisans sont tués par les forces de l’ordre égyptiennes lors d’une manifestation au Caire.

L’État islamique se frottait les mains. « Participer à leur prétendue démocratie, disent les jihadistes. Jouez le jeu des élections. Vous finirez comme les Frères musulmans en Égypte. »

Face à cette politique pyromane, dont les effets ne sont que le renforcement des branches locales de l’État islamique et d’Al Qaida, que fait la France ? Elle fournit les armes, bien sûr, à l’Égypte et à l’Arabie Saoudite. Du pain béni pour l’EI. Et une défaite pour tous les peuples, syrien, français, yéménite.

Pour colmater les brèches béantes creusées par cette géopolitique à courte vue, une seule recette nous est proposée : l’approche sécuritaire. (…) De Vigipirate à l’état d’urgence, ce saut sécuritaire n’a en rien enrayé le développement de la violence. Au contraire. Pansement de nos failles géopolitiques et sociétales, le tout sécuritaire fait mal son office.

Bien en cours chez nos hommes politiques soucieux de réagir à chaud, la formule « faire la guerre au terrorisme » ne peut engendrer qu’une société folle dominée par l’angoisse et la peur de l’autre.

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