Carnets de voyage : Au fil du Gange. A Varanazi : comprendre le rite hindouiste de la crémation.

Pour le croyant hindouiste la crémation du corps après la mort est une obligation, un rite sacré.

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Les hindous croient en l'immortalité de l'âme, au cycle répétitif de la vie où le temps tourne en rond sans commencement ni fin. A la naissance succède la mort qui n'est qu'une étape vers une autre renaissance. L'âme se réincarne sans fin, transmigre d'un corps à un autre, de vie en vie en fonction du " karma" de chacun à travers ce cycle de naissance -mort- renaissance que les hindous nomment : "samsara".

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Le croyant aspire à se libérer de ce cycle, de mettre fin à la réincarnation, pour se fondre dans l'être suprême, l'indescriptible absolu : le brahman. Ce stade de félicité est appelé " Moksha" par les hindouistes et nirvâna par les bouddhistes.

L'hindouiste peut y parvenir par l'action, la connaissance, par la dévotion et par la crémation surtout au site le plus saint : Bénarès.

A Bénarès la crémation est l'affaire du prêtre et du préposé au feu. Le prêtre dirige l'office religieux et récite les mantras, il appartient à la caste la plus élevée, celle des brahmans.

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Le préposé au feu manipule le cadavre, attise le feu et balaye les cendres. Ceux qui sont dévolus à cette tâche sont considérés comme des impurs. Ils appartiennent tous à la caste des intouchables, la caste inférieure, une caste très discriminée.

L'intouchable est frappé par la malédiction de sa caste : l'impureté parce que son karma est défavorable, parce que dans ses vies antérieures, il a été mauvais mais s'il multiple, dans sa vie présente, les bonnes actions et les bonnes grâces, il améliorera son karma et sera réincarné sous de meilleurs auspices dans sa vie future. Le système des castes est en quelque sorte une façon d'accepter sa condition et d'espérer.

La cérémonie de la crémation est vite expédiée. Au Manikarnika ghat on s'active 24H/24.

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Le corps est amené sur des brancards très simples, baigné très rapidement dans l'eau du Gange enduit d'onguent, placé et enfoui sous le bois du bûcher. C'est le fils aîné qui, en règle, allume le bûcher.

Le reste est l'affaire de " l'intouchable " qui doit incinérer en priorité la tête car le bois peut venir à manquer et c'est par la tête que l'âme s'évade portée par la flamme.

Une crémation complète prend 3 à 4 heures, nécessite jusqu'à 500 kilos de bois et coûte en règle très très cher ce qui explique les incinérations incomplètes avec des restes conséquents qui, comme les cendres, sont jetés dans le Gange.

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L'atmosphère est sereine, paisible. La crémation n'est pas vécue comme un acte dramatique bien au contraire. Les hindouistes ne voient aucuns inconvénients à ce que les touristes assistent à la cérémonie avec, comme seule restriction, de ne pas photographier.

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Il est intéressant de noter que la crémation est moins pratiquée dans les autres traditions religieuses orientales : bouddhisme, jaïnisme, sickisme.

Dans les religions monothéistes, elle est prohibée dans l'islam et le judaïsme, elle est à peine tolérée par certaines églises chrétiennes.

La pratique est cependant de plus en plus répandue en Occident dans certains milieux agnostiques et cultivés ; les gens aimant épandre leurs cendres dans la nature, partageant ainsi un peu le même désir de l'hindouiste.

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