Trump et Israël, les Palestiniens et les Arabes ou... “Quand la “théocratie change de camp”

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Il est évident que les pages récentes du printemps arabe ont volé un peu de la centralité de la question palestinienne. La décision de Trump ne va de surcroit rien changer à court ou même moyen terme au statut des Palestiniens.

On a tout de même le sentiment que, sur le terrain des symboles, celui qui nourrit toutes les idéologies, la page qui a été tournée hier est essentielle. Car aucun théâtre n’a la même exemplarité que la question palestinienne.

Faites le test sur les réseaux sociaux. Vous verrez rapidement que l’intérêt pour “la cause palestinienne” continue à occuper dix fois plus de place que n’importe quelle autre actualité proche-orientale.

Cette posture américaine fragilise un peu plus tous ceux que nous qualifions de manière chaque jour plus irréaliste de “modérés”. Ceux qui avaient récemment accepté de côtoyer l’infréquentable Trump. Au premier rang viennent l’Arabie saoudite et les Emirats, et pas loin derrière la Jordanie.

Le paradoxe de la stratégie de Trump est qu’il vient de mettre une incroyable pression sur cette improbable alliance formée - au nom d’une obsession anti iranienne revenue au centre de la diplomatie américaine - par Israël, les Etats Unis et plusieurs Etats de la Péninsule, Arabie en tête.

Or il est clair que l’unilatéralisme arrogant de Trump fait au contraire le jeu non seulement des Iraniens mais aussi de tous les extrêmes du paysage régional et même mondial. Son rejet méprisant de tout l’édifice du droit international cautionne en effet les plus abrupts des raccourcis jihadistes qu’il prétend vouloir combattre.

Pour les mêmes raisons, c’est bien évidemment l’autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas, contrainte d’avaler cette monstrueuse couleuvre, qui va souffrir de l’attitude de plus en plus irrationnelle de ce camp de “la modération” auquel elle est censée adhérer. Et l’aile dure du Hamas qui va voir se renforcer sa crédibilité.

Plus globalement, le paradoxe de cette vision à court terme de Trump, purement électoraliste comme cela a fort bien été dit, c’est qu’elle accélère un étrange processus historique. Celui qui voit en quelque sorte “l’extrémisme religieux” changer de camp. Le glissement avait été amorcé il est vrai, par Bush junior (ou même Blair) et les néoconservateurs des années 2000.

C’est désormais dans le camp occidental que des logiques religieuses se substituent à celles de l’universalisme du droit international dont les Occidentaux se sont longtemps targués d’être les promoteurs privilégiés.

“C’est notre capitale depuis 3000 ans argumentait ce matin sur France Inter l’ambassadrice d’Israël faisant écho au négociateur américain Kushner insistant sur les appartenances confessionnelles (“trois juifs orthodoxes et un copte” !) des membres de sa délégation. Théocratie et “fous de Dieu” auraient-ils changé de camp ?

L’Ubu présidant les Etats-Unis vient de tirer une nouvelle fois sur une ambulance : celle où agonise la crédibilité de la première puissance occidentale à se réclamer d’une autre légalité que la plus triviale raison du plus fort. Pour quel bénéfice à long terme ?

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