Pour la France, la Tunisie n’a plus la même importance qu’auparavant lorsque Zaba était chargé de deux sales besognes : juguler les flux d’immigrés clandestins et lutter contre le danger islamiste.
Le temps est révolu où Chirac fermait les yeux sur les abus en matière de démocratie et droits de l’Homme et déclarait que « du moment que la Tunisie assure le pain et les soins à ses citoyens, les droits de l’Homme y sont respectés ». Sarkozy y voyait un rempart contre la vague islamiste et son ministre proposait un renfort de gaz la veille du 14 janvier…
Macron, contrairement à des traditions établies, a mis du temps pour se déplacer en Tunisie. Il a été au Maroc il y’ a six mois et en Algérie en Décembre dernier alors que la tradition voulait que la Tunisie est la destination du premier voyage du président français au Maghreb.
Les milieux diplomatiques tunisiens s’en sont sentis offensés. Les plus informés savaient qu’il ne faut pas trop espérer de cette visite au-delà de quelques déclarations fort courtoises et… d’intention.
D’ailleurs la France n’a plus cette assurance de puissance politico-économique et ancien empire colonial. Du coup, elle a perdu une bonne part de sa superbe. Ses présidents ne viennent plus en missionnaires distribuer leurs aumônes en territoires africains conquis et décider des affaires internes de ces pays. Elle n’en a plus ni les moyens ni l’ambition politique.
La France se soucie de la perte de son poids dans le monde et assiste, impuissante, à la montée inexorable d’autres puissances, Chine, Inde, Mexique…Elle se détache et se laisse distancer par le peloton de tête. Pour y remédier, elle cherche de nouvelles alliances dans l'espace de la francophonie, de la méditerranée, du Maghreb…
Elle perd du terrain en Afrique, sa chasse gardée séculaire, la Chine et les USA lui arrachent des territoires et des alliés. Elle a été reléguée au second plan dans les batailles où elle s’est investie (Libye, Syrie…).
Ce n’est nullement un discours de puissants que Macron a présenté à l’ARP, mais plutôt de racolage, plein d’humilité, avouant les fautes de la France et demandant repentance pour la Libye. Justement cette Libye que convoitent plusieurs puissances, sa reconstruction est très prometteuse et pour se placer en pole position la Tunisie est incontournable.
Certaines rencontres avec des responsables libyens ont eu lieu dans la discrétion des banlieues et quartiers chics de Tunis. C’est peut être là le principal objectif de cette visite…
Mais ne faisons pas la fine bouche, ça a été une belle visite d’un jeune et sympathique président d’un pays ami. Et tant pis si la presse et les médias français ont été très discrets…du moins beaucoup moins prolifiques que lorsqu’un malheur, un incident ou une catastrophe touche la notoriété et l’image de ce paisible pays.