La notoriété cathodique est souvent éphémère…

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Non, je ne pense ni à Moez Joudi ni à cette pléthore de faux experts et de bonimenteurs qui ont envahi la petite lucarne pendant ces sept dernières années grâce à leurs accointances politiques et à leur soutien inconditionnel aux cabales médiatiques les plus sinistres. Ceux-là ne suscitent en nous que répulsion et dégoût, ils ne méritent que notre mépris.

Je veux parler de ceux dont la vocation est strictement politique et qui ont surgi de nulle part ,ceux-là n'ont aucune assise populaire et confondent joyeusement audimat et électeurs, imaginant que la fréquence de leur passage chez la dame Belkadhi les exonère du principal…

Or, la solidité d’un parti politique, son enracinement dans le territoire et sa capacité à mobiliser et à enrôler n’est pas en proportions et arithmétiquement équivalente au nombre de ses apparitions médiatiques, en l’occurrence, des partis microscopiques bénéficiant de l’indulgence de la plupart des médias auraient dû multiplier par mille le nombre de leurs militants, ce qui n’est guère le cas.

Par dilettantisme ou par vanité, de nombreuses personnalités politiques se contentent de leur prêche télévisuel ou radiophonique, espérant que par le biais du buzz, ils parviendront à faire mouche et à convaincre l’électeur à adhérer à leur projet politique, souvent fluet, confus, brouillon et fondé sur des poncifs éculés et des slogans démagogiques.

Ce modus operandi fait que la plupart d’entre-eux soient à la tête de partis aux dimensions modestes et au périmètre d’influence très réduit, et n’était-ce le lobbying qui veille à ce qu’ils disposent d’un strapontin médiatique, une sorte de zone de confort hypothétique, ils auraient disparu sans que l’on ne se soit douté de leur existence, fût-elle éclatante mais hélas fugitive!

Les Issam Chebbi, Abir Moussi, Samir Bettaïeb, Mohsen Marzouk, Dahmani, Mehdi Jomaa, Yassine Brahim, Saïd Aïdi, Youssef Chahed et tant d’autres sont des créations médiatiques, des gadgets, ils ont été tantôt instrumentalisés (avec leur consentement) tantôt parrainés par des lobbies financiers afin de contrarier ou d’entraver d’autres projets politiques.

Certains d’entre-eux, en polémistes aguerris, ont servi toutes les mauvaises causes car quand on s'attarde un tant soit peu sur leurs polémiques, on s'aperçoit vite qu'elles sont pour la plupart oiseuses, dépourvues d'arguments et de sincérité, fondées sur l'ouï-dire et le préjugé…

Les grandes polémiques nécessitant de grands esprits, leurs polémiques de concierges s'apparentent à un crêpage de chignon de personnes viles et médisantes...c'est du commérage, rien que du commérage.

Car, comment concevoir un système démocratique fonctionnel où le débat politique est visiblement circonscrit au champ médiatique, s’appauvrissant et s’amenuisant dès qu’il est exposé aux caméras et aux micros jusqu’à devenir du pugilat, un simulacre de controverse?

Dans un système démocratique où la diversité des opinions, je ne parle pas de leur consistance ou de leur légitimité, est la pierre philosophale du débat politique, celui-ci doit émerger dans les espaces publics et engager le plus grand nombre d’acteurs afin que la politique ne soit pas affaire de professionnels et d’autocrates !

Que l'on s'étripe comme des chiffonniers ou que l'on s'affronte à fleurets mouchetés n'est ni un délit en soi ni une hérésie, c'est une constante d'un débat qui peut être serein et apaisé comme il peut être chaud et hystérique.

Ce qui pose problème, en réalité, c'est cette espèce d'irascibilité folklorique, cette irritation permanente que « les prétendus seigneurs de la politique » (une féodalité bien mesquine) éprouvent à l'égard de ceux qui contestent leur «légitimité ».

Narcissiques à souhait, mégalomanes, ils se considèrent « intouchables », et répondent par le mépris à celui qui ose contrarier leurs circonlocutions pédantes et leur raisonnement alambiqué. Ce qui les terrorise, c'est d'être critiqués alors qu'ils sont habitués à être encensés par des flagorneurs habités par le complexe du "leader charismatique", celui dont la parole sacrée doit être vénérée, reprise et diffusée.

Ce messianisme renforcé par Facebook fait que "les nouveaux pharaons" s'imaginent investis d'une autorité et d'une aura qui les hissent au rang des divinités grecques, tout ce qui émane d'eux est nectar dont se délecte la plèbe ignorante, leur rabattre le caquet est une folie, une imprudence, un crime de lèse-majesté.

Notre problème c’est que la pratique politique en Tunisie est comme l'auberge espagnole, n'importe qui y entre, s'installe, prend ses aises et devient un militant d'abord, un leader ensuite et une divinité grecque enfin. Cette incongruité n’a été rendue possible que par le truchement de médias complices, pensant, à tort, que la meilleure manière de façonner et de conditionner l’opinion publique est de lui imposer des leaders de pacotille, véhiculant un prêt-à-penser mièvre et insignifiant confectionné par leurs sponsors locaux et étrangers.

La maturité du citoyen tunisien aidant, discernement et lucidité finiront par neutraliser ces « notoriétés cathodiques » et annihiler leur impact si déplorable en termes de démocratie réelle et effective.

Gageons que les prochaines échéances électorales seront opportunes pour disqualifier définitivement les baudruches !

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