La Ghouta : massacre à huis clos !

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A l'heure où nous nous réveillons ici, les Syriens s'apprêtent à vivre un 3ème jour de bombardements dans la Ghouta. Déjà plus de 400 morts, et l’on ne compte plus les blessé-es, les mutilé-es, les disparu-es.

Mais honnêtement, qui s'en soucie? Qui se soucie de ces vies qui n’ont pas été fauchées par de méchants sionistes ou des impérialistes yankees ? Qui se soucie d’un conflit qui ne permet pas de recycler le prêt-à-penser anti-impérialiste et les oppositions binaires Orient/Occident, Nord/Sud, Croisés/Musulmans ?

C’est tellement plus commode. En Syrie, depuis le départ, il ne s’agit que de politique. Celle de la terre brûlée qu’un président à vie à choisi de mener, quitte à détruire toutes celles de son pays.

Il ne s’agit que d’un régime héréditaire qui pour mener sa sale guerre s’allie à la Russie, l’Iran, le Hezbollah et les milices irakiennes. Tout cela on le sait. On le voit. Mais on préfère agiter l’épouvantail Daech.

C’est tellement plus commode de réduire la révolution à des ingérences extérieures, à des blogueurs formés à Washington et Tel-Aviv, ou à de sombres histoires de pipelines et de gazoducs.

Et puis il y a eu l’Irak. Et puis il y a eu la Libye. Tout cela c’est pareil, n’est-ce pas ? « De toute façon, la Syrie c’est compliqué… » Toute guerre s’accompagne d’un affaissement moral, d’une dégradation de l’image que l’on a de soi et des autres.

La tragédie syrienne rappelle par maints aspects la décennie noire en Algérie. Ce long massacre à huis clos, ou à défaut de pouvoir calquer des grilles de lecture politiques toutes faites, on préférait se poser la question « qui tue qui ? ».

En Syrie on sait pertinemment qui tue, et comment. On le sait car c’est sans doute le conflit le plus couvert au monde. Rien ne nous est épargné dans le malheur syrien, pas même d’en être informés. Le sentiment d’impuissance et de tristesse que l’on ressent face à tout cela est terrible.

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