La démocratie tunisienne naissante…L’IVD…et les 60…

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601 historiens…rien que ça ; pour dénoncer quoi au juste ? Une atteinte à notre souveraineté ? Non pas du tout ! Un abus de pouvoir ? Une injustice ? Une ingérence étrangère ? Pour dénoncer un génocide humain ? Pour condamner la loi d’amnistie des corrompus ? Pour soutenir la mise en place de la cour constitutionnelle ? Pour aider à la progression de la justice transitionnelle ? Non pas du tout !

Pour présenter des solutions tangibles pour redresser notre économie nationale et notre indépendance alimentaire face à la catastrophe de la perte de nos semences agricoles et l’exploitation sauvage de nos souterrains sans prérequis de protection environnementale ?

Non que nenni !

Aujourd’hui, la Tunisie après 60 ans d’indépendance a donné naissance à 60 personnes qui usurpent leurs statuts de scientifiques, d’intellectuels et d’universitaires pour « déjecter » leur haine idéologique et probablement personnelle (et misogyne !) sur une personne qui assure son rôle au sein d’une Institution de l’État.

Une institution dont le rôle est crucial pour la transition démocratique du pays,… ……mais peu importe, pour les 60 & Co, l’essentiel c’est de taper sur Sihem Ben Sedrine…

Les 60, n’ont aucun souci avec les problèmes structurels qui touchent nos écoles et universités publiques, ni avec la corruption qui gangrène notre pays et notre gouvernance éducative, aucun souci avec les freins qui entravent notre démocratie naissante et l’établissement de la cour constitutionnelle - seule garante de la mise en place d’un État de droit en Tunisie -…

…..Non,… État de droit dites-vous ???

Mais, pourquoi donc, notre système mafieux et clientéliste nous sied si bien ?!

Non, chers ami€s, le seul souci de ces 60 ce sont les propos de Sihem Ben Sedrine, qui, en passant, et ironie du sort ont été confirmés par le Ministère français des Affaires Étrangères… et par des historiens ayant le sens des priorités, tel qu’Abdeljelil Temimi !

Lorsque des personnes s’autoproclament être une « autorité historique », voire scientifique, sur une question donnée, comme celle relative à « l’exploitation des ressources naturelles de la Tunisie par la France pendant la période protectorale », ces mêmes personnes doivent, au moins, avoir la décence morale d’argumenter leur critique sur des bases scientifiques, des chiffres, des indicateurs, des faits, des contrefaits, des sources et non pas signer un « torchon » qui confirme leur démesure, leur manque d’objectivité, leur drapeau (certainement pas celui de l’intérêt commun) : celui d’un intérêt partisan.

Au lieu de se donner les moyens de rentrer dans le débat qui intéresse tous les tunisiens quant à la question de nos ressources naturelles, de leur exploitation, de la distribution équitable et responsable des richesses en présentant une démarche constructive dans un débat avec l’IVD pour une étude prospective intelligible, ces individus ont choisi d’être dans le « Déni de leur propre histoire et son devenir contemporain » en se positionnant comme présumés défenseurs de la France !

Un universitaire, un scientifique qui « sacrifie sur l’autel »de l'opportunisme sa mission première de l’objectivité, de la mesure et de la recherche de la vérité pour se faire valoir dans le caniveau de la médiocrité et du racolage, n’a aucune estime face au temps, ni à l’histoire.

C’est bien triste de constater que parmi ces 60, figurent certains collègues avec lesquels j’ai partagé un moment d’amitié et de science, mais, malheureusement nos chemins se séparent chers ami(e)s, vous avez choisi l’imposture et le racolage d’un autre temps…au lieu de défendre l’idée d’une pensée de l’Indépendance en « reconstruction » en quête d’une vérité et d’une justice pour toutes et tous, aussi différents soient-ils (rôle qui incombe, également, à l’IVD, quel que soit votre positionnement vis-à-vis de cette instance).

Vous avez choisi le déni de ce beau processus en marche, nous avons choisi de prendre ce train en marche et de l’assumer jusqu’au bout !

Mais alors, pour qui roulent ces 60 historiens ?

Où étaient-ils, ces 60, lorsque les droits des tunisiens ont été piétinés ? Où étaient-ils, ces 60, lorsque l’actuel président de la république a fait voter une loi d’amnistie qui a blanchi les corrompus qui ont enfoncé la Tunisie dans une crise éthique, économique et sociale, sans précédent ?

Où étaient-ils, ces 60, lorsque des gens intègres, des militants, des hommes de lettres et de sciences ont été bafoués et humiliés par les médias ?

Où étaient-ils, ces 60, lorsqu’un Belge ayant introduit un container bourré d’armes à feu a été relâché ? Où étaient-ils, ces 60, lorsqu’un espion de l’occupant sioniste a violé notre sol pour tuer un citoyen tunisien, un universitaire, comme eux/elles ?

Où sont-ils, aujourd’hui, ces 60 lorsqu’une équipe de l’occupant sioniste semble s’être invitée pour la coupe du monde du Taekwondo sur notre sol souverain ?

Où sont-ils, aujourd’hui, ces 60 face aux manœuvres mesquines qui empêchent la mise en place de la Cour Constitutionnelle (institution garante d’un Etat de droit) ou pour changer le régime politique actuel ?

Ces 60 ont choisi d’être en marge de l’histoire véridique de la TUNISIE DÉMOCRATIQUE qui se construit malgré eux, et malgré leurs inepties et leurs gémissements pour le retour des pratiques abjectes du temps de la dictature….

Ils choisissent de porter atteinte à une institution d’État et à sa présidente…mais en réalité, c’est le processus qu’ils visent, c’est le changement en cours qu’ils craignent et tentent désespérément et piteusement de stopper.

Peut-être ont-ils honte de se voir ouvertement exclus de ce processus moral, historique, juridique, social et civilisationnel qui se construit aujourd’hui dans la Tunisie nouvelle, sans ces 60 & Co, et dont l’IVD est une pièce constitutive.

L’IVD est un outil constitutionnel digne des jeunes démocraties naissantes aspirant (comme cela a été le cas pour le Portugal, l’Espagne, l’Afrique du Sud, etc.) à reconstruire un pays sur des bases d’équité et de justice en combattant l’impunité et l’esprit clientéliste qui rongent notre société de l’intérieur et valorisent la médiocrité au dépens des compétences (qui fuient) et de la créativité (pénalisée).

Attaquer l’IVD et ses représentants, quels que soient les motifs et les dysfonctionnements intérieurs, c’est toucher à tout un processus démocratique et se déclarer, officiellement, premier porte-parole du retour de la dictature.

C’est un acte « hautement politique », et bien loin d’être « scientifique » ou « intellectuel », contre un processus en marche… et qu’on ne vienne pas nous dire, nous sommes en démocratie, c’est la liberté d’opinion. !

NON, NON et NON le rôle d’un intellectuel, ce n’est pas de saboter la construction des fondements et piliers de notre démocratie naissante, quel qu’en soit le motif, mais de mettre sa main à la pâte et d’aider d’une manière constructive par des projets, des critiques objectives, des idées, des réformes,…à faire avancer la machine ; sinon qu’il se taise à jamais.

Personnellement,

Je soutiens haut et fort Madame Sihem Ben Sedrine qui reste digne, face à ses multiples détracteurs. Je suis fière d’être tunisienne et de savoir qu’il y a des tunisiennes de la trempe de Sihem Ben Sedrine qui ose affronter les vrais maux, lorsque d’autres se dérobent derrière des signatures collectives partisanes et honteuses.

Je soutiens nos institutions d’État (malgré les problèmes auxquels elles font face) et notre démocratie naissante,

Hommes et femmes dignes de ce pays, le cheminement méthodique vers l’arrêt de notre processus démocratique est en marche, la signature honteuse des 60 en est le porte-drapeau…C’est un soi-disant crédit accordé aux mafieux et aux inconditionnels de l’ancien régime et de ses pratiques insidieuses pour changer le régime politique de multipartite vers présidentiel et uni partite, donc dictatorial.

Hommes et femmes dignes de ce pays, levez-vous pour combattre ensemble cette machine à broyer nos valeurs et notre démocratie naissante…. Aujourd’hui, plus que jamais, la Tunisie a besoin de vous.

Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, la jeune démocratie tunisienne peut compter sur sa population - 60 ; et ce feu de paille ne fût qu’ « une brève histoire du temps »…


Dorra Ismaïl: Architecte, Maître de Conférences au sein de l’Université Publique, totalement désolidarisée des 60 et +.

1-https://www.espacemanager.com/plus-de-60-historiens-tunisiens-selevent-avec-vigueur-contre-les-accusations-de-sihem-ben-sedrine

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