Aux origines du délitement de l’Université publique tunisienne

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La situation désespérée de l'université et la dégradation du statut de l'universitaire date de nombreuses décennies (au moins des années 90) ... Il est certain que la politique dictatoriale de l'époque y a contribué en y développant le mandarinat, l'immixtion de la politique du parti unique par l’intermédiaire de ses cellules professionnelles, le clientélisme, le copinage et l'opportunisme afin de mieux contrôler et asservir l'élite du pays …

Il s'agissait d'appauvrir l'universitaire afin qu'il soit plus facilement corruptible et il s'agissait de l'occuper au maximum par l'enseignement, les réformes successives et autres tâches subalternes afin qu'il ne puisse trouver le temps de se consacrer à l’exercice de sa citoyenneté …

Il s'agissait de ne promouvoir que ceux que le système cooptait, manière pernicieuse de mettre au pas les universitaires en leur faisant comprendre qu'il avait sur eux tous les pouvoirs...

Il s’agissait pour les professeurs mandarins de perdurer le plus longtemps possible par l’institution de l’éméritat ... Ces pratiques exercées pendant des décennies expliquent le silence, la soumission, la dépendance, la démission ou la peur enracinés chez une bonne partie des universitaires.

Toutes les Universités étaient des chasses gardées et les postes de police s'ouvraient jusqu'en leur sein même; la dictature prenait ainsi ses aises ...

Comment pouviez-vous travailler, produire et vous épanouir dans ce climat, corrompu, pesant et irrespirable ? Le coup de grâce fut porté par l'introduction imposée et irréfléchie du système LMD; ce régime d'études, qui ne profite qu'à l'infime minorité de ceux qui désirent poursuivre leur cursus à l'étranger, sorti de son contexte, a été dévoyé de ses objectifs originels et a renforcé, par sa grande permissivité et l’absence de sélection à la massification des diplômés.

Cette augmentation des taux de réussite avait déjà commencé bien avant et servait à redorer le blason du régime autoritaire auprès du peuple.

La politique de privatisation galopante et non régulée de l'Université, la réduction drastique du budget alloué à la recherche, le blocage des postes de recrutement, la fuite des élites à l’étranger et le chômage des diplômés ont fini par porter l'estocade finale à l'Université publique.

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