Rebelote…
Vous connaissez mon histoire depuis le soir du 25 Juillet 1957. Juste pour rappel, un homme déversa sa Haine contre notre famille, l’humiliant, la poussant à la mendicité après avoir emprisonné mon grand-père, mes oncles, le Bey du camp, en faisant assassiner ma grand-mère et en ne nous laissant que le choix de l’exil, seul moyen de survie ...
Aujourd’hui, raconter ma version aux yeux d’une Tunisie qui se voudrait démocratique est plus une obligation qu’une thérapie …
Sans doute la hargne nourrit-elle la hargne, mais il est temps de siffler la fin de la lapidation. Mes positions politiques ne regardent que moi. Et, comme pour n’importe qui, elles ont été façonnées par les événements de mon passé et ceux de mon présent …
Je me suis souvent posé la question de savoir comment me projeter dans l’avenir en restant zen devant un tel vécu de terreur physique et psychologique . Ce que je sais, c’est que jamais je ne flatterai la partie la plus vile de l’inconscient collectif et que jamais, je ne ferai la course aux idées démagogiques et rampantes …
Alors, suis-je haineux ? Oui. J’ai eu beaucoup de haine et j’en ai encore parfois, surtout après lecture de telles inepties. Contrairement à la colère qui peut être une énergie, je sais que la haine est un poison, un acide qui me ronge de l’intérieur et qui gangrènera progressivement mon être tout entier.
À mon sens, la haine est donc une colère qui a mal tourné ; disons alors que ma haine est une colère saine, justifiée, compréhensible et bien canalisée …
J’ai la haine lorsque je vois une Tunisie encore partie pour toujours faire la chasse aux boucs émissaires. La ferveur des combats politiques ne devait jamais sous-entendre foire aux vanités et exhibitionnisme des ego tels qu’ils existent lors des vrais combats de coqs.
J’ai la haine lorsque l’intelligentsia tunisienne récite encore des tirades toujours plus virulentes à l’égard de 252 ans de dynastie beylicale, initiées par un président régicide.
J’ai la haine lorsque cette même intelligentsia est toujours complaisante vis-à-vis de la dictature de la présidence à vie et des crimes d’état .
J’ai la haine quand l’Histoire de notre pays devient l’histoire écrite pour une seule personne alors que la Tunisie est un carrefour multi-civilisationnel existant depuis trois millénaires.
J’ai la haine quand on accepte que l’Histoire reste une vengeance et non une continuité.
Et j’ai surtout la haine de voir comment est insultée une descendante des Beys, alors que sur le plateau, elle a fait tout l’étalage de sa bonne éducation …
Jamais la Haine ne cesse par la Haine. C’est la bienveillance qui réconcilie. (Bouddha) …