C’était en 1978, il y a déjà 40 ans et j’avais 14 ans.

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Quatre décades que les Aigles de Carthage n’ont pas remporté un match au cours d’une phase finale de coupe du monde de football. Il restera peut-être encore une chance de battre les Panaméens la semaine prochaine dans le match des battus, mais ce sera compliqué parce qu’eux aussi voudront arracher une victoire pour leur première participation à ce niveau.

Sinon, il est difficile de réprimer l’envie de comparer cette sélection qui vient de se voir successivement dominer par l’Angleterre, puis la Belgique, avec son illustre et légendaire devancière de 78.

Surtout, l’approche des grands matchs et tournois, par les deux sélectionneurs à leur tête : Abdelmajid Chetali d’un côté et Nabil Maaloul de l’autre. C’est ainsi que quelques mois avant l’entame du mondial 78, le charismatique Chetali (formé à la rigueur de l’école Allemande) a été pris d’un doute après le 4-0 infligé à El Menzah en amical par les Bataves emmenés par les frères Van de Kerkhof, Rensenbrik, Krol, Haan et Rep (tous vice-champions du monde sortants). Et également, après le 0-2 concédé à Lille contre les Bleus de Platini, toujours en amical, à quelques encablures du début du tournoi argentin.

Pour le 1er match, contre le Mexique (à cette époque dans le top 10 des meilleures sélections et véritable terreur sur les prés) et malgré qu’il disposait de véritables artistes qui savaient garder le ballon (Tarek, Agrebi, Ghommidh) ou percuter (Témime), Chetali préféra donc revoir ses plans et remplaça au pied levé, son classique et fameux 4-3-3 (qui le qualifia pour l’Argentine 78) par un prudent mais tout aussi audacieux 5-3-2 ou 3-5-2 (c’est selon).

En supprimant un ailier, en l’occurrence (Limam ou Ben Aziza) et en plaçant dans la défense centrale, le jeune Amor Jebali pour épauler la paire Jendoubi-Gasmi. Afin de permettre à ses arrières latéraux volants Kaabi-Dhouib (véritable point fort de cette équipe) de pouvoir monter et multiplier les incursions sur les côtés tout en étant couverts par une défense renforcée dans son axe.

Élémentaire. Et surtout aussi simple que génial. D’ailleurs, bien lui en a pris, puisque ces deux-là ont chacun marqué un but d’école, sur deux attaques rondement menées pour terminer par une victoire sans appel (3-1).

Schéma, dont il ne s’est jamais départi et qu’il allait garder pour les deux matchs suivants contre la Pologne (0-1) puis l’Allemagne (0-0) respectivement 3ème et champion du monde lors de l’édition précédente de 74. Excusez du peu…

S’il a été prudent comme un Sioux (et pour cause, vu le menu proposé) Chetali n’a jamais donné consigne à ses joueurs de refuser le jeu comme Maaloul contre l’Angleterre la semaine dernière ou contre la Belgique aujourd’hui (que l’on a commencé à attaquer qu’après avoir encaissé les 2 premiers buts).

Il n'a jamais brimé ses joueurs dans des organisations tactiques pesantes. Il a su trouver l’équilibre et l’animation offensive qu'il fallait, et qui correspondait aux qualités de son effectif.

A sa façon, en respectant ses principes de jeu tournés vers l’offensive, tout en protégeant sa défense, sans en être obsédé. De même, il n’a jamais cherché à berner l’opinion publique en prédisant une illusoire qualification au second tour, au vu de quelques matchs amicaux réussis contre moins bien placés que son équipe au classement FIFA (Iran, Costa Rica).

Pas de forfanterie et encore moins de certitudes à lâcher aux médias. Enfin, une fois éliminé, il ne s’est jamais enferré dans des explications oiseuses et incohérentes, dignes du café de commerce, en prêchant tout et son contraire. Il était intuitif, subtil, précis, rigoureux, humble et affable.

Abdelmajid Chetali, tu nous manqueras éternellement !

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