Carthago delenda est : Ces soixante-huitards sur le retour qui se sont embourgeoisés : Etude du cas Marcel Khalifé

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Affublé d’un ministre des affaires culturelles en potiche, sa présence à une conférence de presse donnée par un prestataire de service, laquelle prestation a été commanditée par l’ordonnateur de la dépense qui n’est autre que Monsieur le Ministre lui-même, le sieur Marcel Khalifé, a incriminé l’Etat tunisien au motif de déconsidération de sa qualité de VIP.

Les officiels de la machine médiatique tunisienne ont beau s’escrimer à faire le ménage, l’enregistrement sonore du point de presse nous a heureusement conservé un quasi inaudible marmonnement de la star du Ministère où elle illustrait le mauvais traitement dont elle a été victime par le fait que les portes du salon d’honneur de l’aéroport lui sont restées closes.

Pire encore, Monsieur exige d’être servi s’agissant des questions d’intendance : formalités douanières, récupération des bagages…

La méconnaissance de la valeur politique de cette icône du panarabisme ayant atteint la limite de l’inconscience du fait que les autorités compétentes ont sciemment négligé toute mesure assurant la sécurité personnelle du militant universellement reconnu.

Etrange attitude venant de la part d’un « artiste engagé », progressiste et porte-parole, pour toute une génération, du militantisme de la gauche arabe ?

La réponse à cette question mérite quelques explications préliminaires.

A en croire les diverses biographies consacrées à l’artiste, l’homme aurait voué sa vie au militantisme tant politique qu’artistique. Pour peu que l’on pioche un peu plus avant, le côté cour du personnage s’avérera plus inquiétant.

Petit-fils d’un pêcheur, natif d’un petit village situé sur la côte nord du Liban, Marcel Khalifé était d’origine modeste. L’exercice de son art, en majeure partie expérimental et non-commercial, lui a assuré des revenus décents sans plus. Comment expliquer dès lors qu’il occupe la septième place, tout juste après Kâdhim Al-Sâher, avec une fortune personnelle évaluée à plus de 18 millions de dinars ?

La thèse du richissime rentier, colportée par certains médias étant contredite par les faits biographiques, il ne nous resterait plus que le second terme de l’alternative : le financement occulte. Or, à suivre les pérégrinations du chanteur libanais, depuis la nomination de Monsieur Zine El Âbidine, il aurait totalisé sept concerts, sillonné le pays dans tous les sens, reçu par le président de la République Tunisienne en grande pompe, décoré de la plus haute distinction culturelle décernée par l’Etat tunisien… et incité les tunisiens à plus de propreté.

A quoi devrions-nous autant de sollicitude ? Il semblerait que la cause de tant d’empressement ministériel serait la bonne grâce dont jouit l’artiste libanais, et non point palestinien comme se plaisent à le suggérer certains biographes officiels du personnage, et non moins maronite, de la part de l’Etat français.

Jouant à merveille son rôle d’Artiste de l’UNESCO pour la paix, cet irréductible militant (pro-palestinien ?), assure aussi le suivi du dossier politique du Maroc. Après avoir projeté d’élire domicile à Tanger, sous prétexte d’y fonder un conservatoire de musique à Tanger, et vivement conseillé –par les autorités marocaines sans doute- de ne pas donner suite à son projet, voici qu’il n’hésite plus à apporter sa contribution au maintien de la paix au Maroc en prenant ouvertement position sur les événements du rif marocain, soutenant même les militants du Hirâk. En sa qualité de quoi ? Seul Dieu le sait.

Alors, Monsieur le Ministre, nous estimons à leur juste mesure les 3 millions d’euros que le Résident Général français, jouant à l’occasion les entremetteurs, a mis à votre disposition (via Tefanen-Tunisie Créative), et destinés en fait à pallier, en partie du moins, aux dépenses de ce gouffre financier appelé Cité de la Culture (dont la facture d’électricité s’élèverait à elle seule à 37 mille dinars –hors climatisation-).

Ce faisant vos responsabilités à l’égard de l’Etat tunisien vous font obligation de prendre sa défense lorsqu’il est ostentatoirement mis en cause, comme il l’a été de manière fort inamicale par le sieur Khalifé, et non point de vous défiler face à vos responsabilités, en accumulant bourde sur maladresse.

Vous commencez, de manière fort incongrue, par donner raison au détracteur discourtois, et vous allez même jusqu’à incriminer les organisateurs du Festival de Carthage qui sont, rappelons-le non seulement vos collaborateurs, mais la résultante de vos choix.

N’en rajoutez don pas avec votre bêtise politique aux plans machiavéliques et non moins foireux, l’instable Lybie et l’écorchée Syrie en sont des exemples parfaits, de la Mère Patrie. Au fait vous vous êtes bien amusés, étant commanditaire du spectacle, de la transposition au Festival International de Carthage du règlement de compte Chahed versus Essebsi via le tragi-comique Debbouze ?

Si seulement vous étiez à même de piger que le drame auquel vous vous rendez complice n’est qu’une funeste mise à jour du fameux mot de Caton l’Ancien: « Carthago delenda est » (Il faut détruire Carthage) !

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