Je laisse de côté, pour une fois, le débat - Bey versus Président -, mais j’y reviendrai pour dénoncer l’écriture partiale de notre Histoire. D’ailleurs, je n’écris pas forcément pour convaincre mes contradicteurs. J’écris pour délivrer un certain nombre de consciences semblables à la mienne qui ne supportent plus le mépris, l’empoisonnement du cerveau par la méthode Coué et l’affaiblissement de l’esprit critique.
Car, précisément, j’ai l’intime conviction que les Tunisiens avaient remplacé leur faculté de discernement par l’intuition qu’ils ont, d’incriminer devant l’Histoire, les vrais responsables de la faillite du pays.
A quoi bon distinguer entre les traîtres, les lâches et les incompétents, si la liste des coupables finit toujours par innocenter ceux qui ne seront jamais culpabilisés ? L’horrible satiété de l’Injustice dégrade peu à peu la foi et la confiance en l’Homme politique, en dédouanant la jeune Institution qui était censée le protéger.
À tel point qu’au jour d’aujourd’hui, l’action des homo politicus aura tellement corrompu le jugement de tous, que notre peuple peut se considérer encore mûr pour la servitude volontaire ou forcée …
Pour évaluer l’intégrité de notre Conscience Nationale, il faut l’interroger pour comprendre pourquoi une Révolution censée nous libérer d’un système défaitiste, nous remet en selle, un pur produit de celui-ci, gardé en congélation, sinon par pure Servitude …
Il est nécessaire aussi de comprendre pourquoi notre Hibernatus national essaie de nous refiler son glaçon, sinon par pure servitude idéologique à ses prédécesseurs qui n’avaient jamais voulu laisser de prétendants au pouvoir, à part ceux de leurs clans …
Il faut enfin se demander le pourquoi d’une loi de Réconciliation Nationale pour protéger corrompus et corrupteurs, sinon par pure servitude à la voyoucratie d’avant-Révolution…
Si les Tunisiens avaient su éliminer de leur horizon, la version défaillante de cette République pour nous en installer une autre plus juste et plus visionnaire, nous ne serions pas aujourd’hui paralysés par ses toxines. Ce renouvellement n’avait pas eu lieu car l’œuvre de renouvellement fût sabotée par deux sortes de Tunisiens : ceux qui redoutaient d’en être les victimes et ceux qui, par esprit de parti, prétendaient s’en assurer le monopole et l’exploitation …
Aujourd’hui, nous sommes là-dedans jusqu’au cou, c’est certain ; mais en nous tenant bien tranquilles, nous ne pourrons pas éviter d’en avoir plus haut que le menton. C’est bien cela, cette maudite servitude de M…. !
Le plus grand danger que le peuple Tunisien puisse courir, c’est de s’habituer à cette confusion, de s’y installer par nonchalance et lâcheté, sans d’ailleurs rien abdiquer de ses profonds ressentiments.
Est-ce que les responsables du pays ne s’aperçoivent pas encore que leur prétendu apaisement n’est que le passage de la haine aiguë à la haine chronique, une haine stérile, à peine discernable d’une paresseuse et dénigrante médiocrité ?
Maudite république, impotente, inégalitaire et exemple type de l’inaptocratie du pouvoir …
Je vous donne rendez-vous le 25 Juillet 2018 pour un autre écrit, à l’occasion de la commémoration de la soixante et unième année de l’abolition de la Monarchie Tunisienne …