La communication de la Banque Centrale est un préalable incontournable à la conduite de la politique monétaire: quelques aspects.

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Un vrai débat national et indépendant, autour des questions et institutions économiques dans cette interminable phase de transition n’est encore pas engagé, si ce n’était des interventions officielles occasionnelles, justifiant formellement des décisions déjà prises sur fond de ''contraintes insurmontables'', ou des rencontres irrégulières peu fédératrices et parfois non concluantes.

En revanche, certaines initiatives individuelles portant sur des réflexions sérieuses sur plusieurs thèmes portant affaires publiques, rarement encadrées, ne sont toujours pas prises en compte ni valorisées.

Sans transition aucune, et sans rappeler que la “politique économique est monétaire”, et que '' la communication de la banque centrale est un préalable incontournable à la conduite de la politique monétaire (la théorie des signaux et celle de l'Economie de information initiées respectivement par W. Schultz et K. Arrow, ainsi que les mécanismes de formulation des anticipations de T. Sargent et R. Lucas, en serviraient de supports fiables), cette éventuelle déclaration du nouveau gouverneur de la banque centrale datant du 21-7-2018 lue sur Tunisie Numérique, sous réserve que le journaliste ait reproduit rigoureusement ses dires, était peu appropriée car,

- Elle incombe au Gouvernement la non réalisation de l’objectif principal annoncé par la BCT, à savoir l'atténuation des tensions inflationnistes essentiellement par le relèvement du taux directeur. C'est à dire, si l’inflation persistait, ce serait alors dû au gouvernement qui n'aurait pas joué son rôle !

Sans défendre un chef de gouvernement quelconque, même si l'on admettait son échec à pallier les dysfonctionnements structurels, une autre partie aurait pu bien le dire au public, mais avec les démonstrations requises. En fait, la BCT fait partie de l’Etat, elle n’est pas une entité isolée.

- Le timing est mal choisi, puisque la déclaration pourrait être interprétée dans la conjoncture actuelle de marasme politique et de malaise social, comme un ''parti pris'' en faveur des adversaires du Gouvernement déjà ''mis en échec’’ ; échec décrété justement par ses antagonistes politiques.

Ici, l'Institut d’émission se verrait en porte à faux vis-à-vis de l'indépendance et de la crédibilité en question. Le nouveau gouverneur de la BCT aurait pu préparer un document concis portant propositions concrètes au Gouvernement, et jouer le rôle de conseiller économique prévu par son nouveau statut légal, au lieu de s'adresser à un public en quête d'institutions fortes et dont les vrais enjeux de la politique monétaire et de change ne sont a priori pas dans ses cordes.

Une institutionnalisation de la coordination entre BCT et Gouvernement, tant prônée depuis notre publication remontant à 2011, ne se limitant pas à prôner ''le mix policy'' sans mécanismes détaillés, aurait mieux fait l'objet de la déclaration.

- Elle pourrait aussi être interprétée par les agents économiques comme un signal d'une autre augmentation dans le futur, puisqu'elle prône des sources de ''distorsions structurelles'' demandant par définition le moyen et le long terme pour que le Gouvernement en puisse se saisir et contourner l'étendue.

L'annonce est alors contradictoire avec l'objectif implicite d'ancrage des anticipations inflationnistes ! Cette contradiction persisterait aussi si la même politique de relèvement du taux directeur se poursuivait, puisque la raison est structurelle et incombe selon la déclaration au Gouvernement et non à la politique monétaire déjà adoptée.

Il semble enfin qu'un travail gigantesque attend les Tunisiens en matière de réflexion sur le (1) le devenir des institutions de la 2ème république, (2) du rôle des Élites politiques, économiques et intellectuelles mettant à contribution les vraies compétences nationales, et (3) les réformes structurelles intégrées ciblant la consolidation de la transition.

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