Affaire Tariq Ramadan : le spectre de l’extrême-droite (3)

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Henda Ayari et ses rapports avec l’extrême-droite

Les deux plaignantes Henda Ayari et « Christelle » avaient initialement déclaré aux enquêteurs ne pas se connaître, avant de revenir sur leur déposition en reconnaissant finalement avoir été en contact par le passé, comme ce fut le cas par l’intermédiaire d’Alain Soral (Le Parisien).

La presse s’en était fait brièvement écho, sans donner l’impression de vouloir creuser cette piste. Plus soucieuse à cette même époque de spéculer sur les cagnottes organisées en faveur de Tariq Ramadan, elle ne s’était pas non plus penchée sur celles qui avaient été mises en place au bénéfice des plaignantes.

Pourtant, ces cagnottes ont été révélatrices d’une discorde, sinon d’une rivalité entre Henda Ayari et « Christelle ». Une première cagnotte intitulée CASH (Comité d’Action et de Soutien à Henda) a été créée en faveur de Henda Ayari le 26 février, et, dès le lendemain, le 27 février, « Christelle » a monté elle-même une autre cagnotte, initialement intitulée « Cagnotte officielle pour les victimes de Tariq Ramadan », comme en témoigne la promotion qu’en avait faite à l’époque Salim Laïbi – on pouvait y lire que Henda Ayari, « l’ancienne salafiste » (non mentionné par Salim Laïbi), avait « déjà fait sa propre cagnotte personnelle indépendante ». Aussitôt, le 28 février, les deux plaignantes se sont répandues sur les réseaux sociaux, Henda Ayari dénigrant l’anonymat de « Christelle » et accusant celle-ci de vouloir lui « nuire » et la « décrédibiliser » et de la « harceler depuis des mois » (publication Facebook depuis supprimée – captures d’écran 1 ; 2). « Christelle » a quant à elle mis cet incident sur le compte d’un surmenage de Henda Ayari et d’un trolling imputé aux partisans de Tariq Ramadan (la publication était visible jusqu’à la suspension de la page « Je suis Christelle », survenue le 30 juillet).

Signalée par ces derniers en raison de la référence diffamatoire aux « victimes », la cagnotte de « Christelle » a été reformulée à plusieurs reprises. Le 5 avril, Henda Ayari s’est vue bénéficiaire d’une seconde cagnotte (depuis fermée – captures d’écran 1 ; 2 ; 3 ; 4) associant la troisième plaignante « Marie », selon l’intitulé « Solidarité avec les courageuses » et mentionnant que Christelle avait fait « le choix de monter sa propre cagnotte en son nom de son côté ». Cette dernière, le 23 avril, a redéfini la vocation de sa propre cagnotte, désormais intitulée « Campagne officielle de solidarité envers ‘Christelle’ et ‘Brigitte’ » et associant la plaignante suisse « Brigitte ».

Cette discorde et cette rivalité ont ici du sens, car Henda Ayari et « Christelle », qui avaient initialement affirmé ne jamais avoir été en contact, alors qu’elles l’ont été par l’intermédiaire d’Alain Soral, ont suivi, à partir de ce même contact, une orientation politique sensiblement différente l’une de l’autre, mais jamais très loin des marges de l’extrême-droite. Au final en-dedans dans le cas de « Christelle », et souvent à cheval dans le cas de Henda Ayari.

• Témoignage de Gamal Abina : Alain Soral et « Monsieur K »

On connaissait déjà les révélations faites par Vanity Fair concernant des contacts noués autrefois entre Henda Ayari et Alain Soral, c’est un témoignage versé au dossier judiciaire qui nous en apprend plus à ce sujet. Gamal Abina, un témoin de la défense dans l’affaire Tariq Ramadan, a restitué partiellement la teneur de son témoignage sur son blog personnel – « Qui est Henda Ayari ? » – et sur un site administré par des sympathisants de l’intellectuel musulman (Le réveil citoyen).

Militant antiraciste proche des Indigènes de la République, Gamal Abina ne cache pas les conflits qui l’opposent à Alain Soral et la distance qu’il peut observer vis-à-vis de Tariq Ramadan. Toutefois, c’est l’injustice subie par ce dernier qui l’aurait pousser à témoigner, affirmant connaître personnellement Henda Ayari et se disant convaincu que cette dernière ment.

Gamal Abina décrit Henda Ayari comme une personne fragile psychologiquement, influençable et manipulatrice, et en quête de notoriété. Celle-ci lui aurait confié à l’époque être proche d’Alain Soral et avoir été mandatée par lui pour piéger Tariq Ramadan. Gamal Abina s’en tient prudemment à ces confidences, admettant ne pas pouvoir savoir si elles étaient fondées ou non, ni quel était le but recherché par Henda Ayari en les lui faisant.

Il estime cependant comme un fait admis que cette dernière connaissait bien Alain Soral, et l’idée d’un piège qui aurait été tendu par ce dernier à Tariq Ramadan ne lui apparait pas inconcevable en soi, sans pouvoir être affirmatif à ce sujet. C’est toutefois une mésaventure personnelle avec la plaignante et l’implication d’un autre personnage qui semblent préoccuper davantage Gamal Abina.

L’homme qu’il désigne sous le pseudonyme de « Monsieur K » et qu’il suppose avoir été le compagnon de Henda Ayari à l’époque des faits aurait incité cette dernière à le piéger lui aussi, sur un mode similaire à celui supposé dans l’affaire Tariq Ramadan. L’initiative aurait échoué et se serait soldée par les excuses de la complice présumée. « Monsieur K » est décrit par Gamal Abina comme étant proche de l’extrême-droite et des cercles soraliens.

Un nom circule sur les réseaux sociaux, celui de Nouari Khiari, qui pourrait être le « Monsieur K » mentionné par Gamal Abina. Ce dernier a indiqué ne pas vouloir révéler publiquement l’identité de l’intéressé, par respect du secret judiciaire. Toutefois, la mention de Nouari Khiari sur Twitter et Facebook est suffisamment rare et précise pour être relevée, comme si elle avait été destinée à susciter la réaction de Henda Ayari ou lui signifier qu’un éventuel élément-clé de l’affaire était connu par d’autres.

Cette mention, révélée sous pseudonyme sur Twitter (« Eleonor ») et sous une identité invérifiable sur Facebook, peut avoir été faite par Gamal Abina lui-même ou par toute autre personne témoin des situations décrites, proche des milieux mentionnés ou encore supposée bien informée sur le dossier.

• Nouari Khiari, proche du Front national

Ce qui en ressort est la similitude exacte entre Nouari Khiari et « Monsieur K », ce qui sera considéré ici comme simple hypothèse, dès lors où l’information n’a pas encore surgi du dossier judiciaire, ni été relayée ou confirmée par la presse. Quoi qu’il en soit, Nouari Khiari correspond bien à l’idée de « quelqu’un, dont la réputation était plutôt douteuse, d’origine algérienne et dont les penchants pour l’extrême droite étaient très marqués, lui aussi cherchait à exister à travers ce dossier [l’affaire Saïd Bourarach] ».

Il était également proche d’Alain Soral et de Dieudonné, comme le témoignage de Gamal Abina le suggère au sujet de « Monsieur K ». Les archives de presse et les sites consacrés à l’extrême-droite nous en disent plus sur le profil et le parcours de Nouari Khiari.

En 2005, Libération nous apprend que Nouari Khiari s’est rapproché du Front national dès 2002, s’enthousiasmant pour l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles. Il fréquentait déjà auparavant Farid Smahi – celui-là même qui introduira Alain Soral au FN en 2005 -, conseiller régional FN de 1998 à 2004, secrétaire départemental du parti et membre du comité central jusqu’en 2011. En 1996, ils fondent ensemble le Forum national des cercles Arabisme et Francité, qui servira de plateforme au FN pour tenter de percer dans les milieux arabes et musulmans.

Un autre article de Libération relate que Farid Smahi et Nouari Khiari sont à l’origine de la visite médiatisée de Jean-Marie Le Pen à la dalle d’Argenteuil en avril 2007, ce que Nouari Khiari réfute dans un droit de réponse qui lui a été accordé, tandis que Libération précise qu’il s’attelait à rabattre les passants vers le président frontiste. À cheval entre les milieux islamistes et l’extrême-droite, « agitateur » selon la police, Nouari Khiari semble correspondre aux attentes du Front national dans son plan à la fois de séduction et de déstabilisation dans les banlieues.

De toute évidence, la logique du Front national – qui sera aussi celle d’Alain Soral – est rentrée très tôt en conflit avec celle de Tariq Ramadan, lequel encourage les musulmans et les jeunes des cités à s’engager dans la société plutôt que de persister dans une posture victimaire et conflictuelle. Deux articles de REFLEXes (média antifasciste), « Allah va comme je te le pousse » et « Dieudonné par Le Pen repris », permettent de mieux cerner les rapports de force alors à l’œuvre au cœur de ces problématiques où se rencontrent extrémismes politique et religieux.

Dans l’état, il semble difficile de spéculer davantage sur un éventuel rôle d’Alain Soral dans le déroulement de l’affaire, d’autant que « Christelle », manifestement restée en bons termes avec Salim Laïbi, donne l’impression dans son témoignage accordé à Vanity Fair d’avoir voulu charger Alain Soral en faisant d’une pierre deux coups avec Tariq Ramadan.

Le propre témoignage de Gamal Abina, comme celui-ci en est conscient, est conditionné par le degré de fiabilité que l’on peut accorder aux confidences que lui aurait faites Henda Ayari, elle dont le caractère manipulateur n’est semble-t-il pas à exclure. Pour donner le change, Alain Soral a souhaité afficher publiquement son soutien à Tariq Ramadan dans l’affaire en cours, chargeant à son tour Caroline Fourest – soutien de la part d’un « islamophobe » que les partisans de l’intellectuel musulman ont vertement rejeté.

Si l’implication d’Alain Soral dans le dossier n’est pour autant pas à écarter, les seuls faits objectifs ici sont l’environnement conspirationniste dans lequel ont baigné les deux plaignantes Henda Ayari et « Christelle » : un environnement d’extrême-droite déchiré par des luttes intestines et hostile à Tariq Ramadan pour des raisons souvent concurrentes les unes des autres.

• Conspiracy Watch, un décryptage sélectif

Nombre d’observateurs, y compris parmi les plus vigilants, n’ont semble-t-il pas relevé les aptitudes conspirationnistes de Henda Ayari. Conspiracy Watch (dirigé par Rudy Reichstadt, proche de Caroline Fourest) publie habituellement des décryptages fouillés et circonstanciés sur la complosphère, focalisant toutefois son attention sur les courants antisionistes et délaissant bien souvent les courants pro-sionistes qui ne sont pourtant pas moins ravageurs et prolifiques (Dreuz, Europe-Israël, Riposte laïque).

L’interview réalisée avec Henda Ayari en février dernier est pour le moins stupéfiante, dès lors où Conspiracy Watch n’a manifestement pas enquêté sur son passé, se contentant de l’unique référence au « salafisme » (qui n’a pas non plus été vérifiée et a été démentie ultérieurement par la famille de la plaignante, selon l’avocat de la défense), et s’est donc retrouvé à participer à la mettre en scène et à lui accorder une forme de légitimité dans l’expertise du conspirationnisme.

Il aurait au moins fallu que Conspiracy Watch s’interroge, sans même avoir à outrepasser ses propres choix éditoriaux, sur la nature des liens (probablement pas uniquement passifs) entretenus autrefois avec la Dissidence et les cercles soraliens. Cette précaution n’a pas été prise, le site dédié au décryptage du conspirationnisme s’est donc retrouvé à cautionner une initiative qui représentait pourtant pour lui un cas d’école.

Vainement semble-t-il, puisque par la suite Henda Ayari s’est par exemple égarée à twitter un article des Observateurs.ch (site emblématique de la complosphère) et a accordé une interview à Riposte laïque. Sans parler de la traçabilité litigieuse d’autres de ses communications, comme ce visuel identifiant nazisme et islamisme, provenant précisément de Riposte laïque, d’Europe-Israël et de la Ligue de défense juive (trois sites d’extrême-droite pro-sionistes), cette infographie similaire émanant de L’union fait la force (extrême-droite « patriote ») ou encore cette photo maintes fois détournée par la fachosphère homophobe (là encore Riposte laïque, mais aussi Egalité & Réconciliation, Dreuz, etc, qui ont tous participé à la même chaîne virale).

• Riposte laïque, un interlocuteur très révélateur

Ainsi l’interview accordée par Henda Ayari à Riposte laïque en mai dernier est elle aussi pour le moins stupéfiante. Ce site d’extrême-droite (dont la genèse a été évoquée plus haut dans cet article) est connu pour ses diatribes racistes et islamophobes, ses promotions du Front national, ses alliances avec les Identitaires, et se cache outrageusement derrière l’alibi « laïque », comme Caroline Fourest l’a elle-même démontré autrefois à juste titre.

Cette dernière est notamment devenue l’ennemi jurée de ce groupuscule, ce qui ajoute au paradoxe de l’interview accordée par Henda Ayari, puisque la journaliste l’a soutenue et constitue pour elle une alliée. À la lecture de cet entretien complaisant, il semble cependant que la plaignante ait bien compris l’exercice de style et que, plutôt qu’un paradoxe, ce soit une connivence idéologique qu’il révèle. Riposte laïque, qui a mentionné l’affaire Tariq Ramadan dans une soixantaine d’articles, s’était d’abord montré méfiant à l’égard de Henda Ayari, avant de saisir la convergence de leurs discours au-delà des « malentendus ».

Henda Ayari, qui s’était présentée jusqu’alors comme musulmane, semble ici prête à envisager l’apostat et surenchérit dans le registre attendu : haine, division, communautarisation, oppression des femmes, chantage à l’islamophobie, autant de tares supposées caractériser la religion musulmane à cause des tenants d’un « islam politique ». Lorsque Henda Ayari, réagissant à la méfiance initiale de Riposte laïque à son égard, estime qu’il faut préalablement « se renseigner et apprendre à connaître » son interlocuteur, encore aurait-il fallu qu’elle le fasse elle-même au sujet de cette plateforme sur laquelle elle s’est exprimée. Ce dont très certainement elle était consciente, puisqu’elle n’a jamais communiqué elle-même sur l’existence de cette interview au cadre éditorial litigieux.

• Les Femen et Regard de Femmes

L’interview accordée à Riposte laïque nous apprend également que Henda Ayari compterait exclusivement parmi ses « soutiens féministes » celui des Femen et celui de Regard de Femmes. Cette information n’est pas de nature à contredire l’idée d’une orientation politique de la plaignante. En effet, Regard de Femmes est une association dirigée par Michèle Vianes, proche de Riposte laïque et qui avait elle-même participé aux Assises contre l’islamisation de l’Europe co-organisées avec le Bloc identitaire en 2010.

De même, un livre paru en 2017, intitulé « Histoire d’une trahison », évoque l’intervention de Caroline Fourest au sein des Femen pour influer sur la ligne militante en écartant deux fondatrices historiques du mouvement, Sacha Shevchenko et Oxana Shachko (récemment décédée), au profit d’Inna Shevchenko devenue l’égérie des Femen France.

L’autoritarisme et les sorties controversées de cette dernière, qui avait twitté en 2013 « qu’est-ce qui peut être plus stupide que le Ramadan ? Qu’est-ce qui est plus moche que cette religion ? », ont finalement conduit la journaliste à prendre ses distances avec elle. La superposition de ces multiples strates n’est ainsi pas du meilleur effet pour Henda Ayari, surtout lorsqu’elle-même déplore et constate à juste titre l’absence de soutien de la part des mouvements féministes. Pour mieux comprendre sa difficulté à convaincre, ici comme sur d’autres plans, il convient de se pencher sur ses axes et choix de communication, tant à travers les médias que sur les réseaux sociaux.

• Le procès d’intention fait aux féministes

Depuis la parution de son premier livre « J’ai choisi d’être libre », en 2016, Henda Ayari se plaint de ne pas recevoir le soutien d’organisations féministes. Répondant en juillet 2017 aux questions de Gilles-William Goldnadel sur RMC, elle se contente d’acquiescer, après une longue tirade sur le voile, lorsque son interlocuteur l’interroge sur « ces féministes qui sont féministes pour tout, mais qui sont extrêmement timides pour critiquer ça [l’islam «politique » et « oppresseur] ». Henda Ayari surenchérit en évoquant des féministes qui « choisissent des causes qui les arrangent » et « ferment les yeux sur d’autres causes qui finalement sont un peu gênantes ».

Avec une telle entrée en matière et un discours virulent focalisé sur l’islam, il n’est pas étonnant que les organisations féministes, déjà confrontées à ce procès d’intention, se soient montrées prudentes sinon méfiantes à son égard. Depuis lors, c’est exactement la même ligne de communication que Henda Ayari développe invariablement lors de ses différentes interventions médiatiques et sur les réseaux sociaux. Ses prises de positions portent presque exclusivement sur des aspects polémiques liés à l’islam, donnant elle-même l’impression de « choisir les causes qui l’arrangent ».

• Du « chantage à l’islamophobie » au chantage à l’islamisme

Il serait fastidieux de répertorier toutes les publications sur Twitter et Facebook où Henda Ayari dénigre l’islam et les musulmans, affirme à l’inverse dénoncer spécifiquement l’islamisme, et invoque pour se défendre un « chantage à l’islamophobie » qui serait exercé par les « islamo-gauchistes » et les islamistes. Elle semble également penser que recourir à l’alibi d’être musulmane (si on admet qu’elle l’est) peut lui permettre d’échapper aux critiques, sans se rendre compte qu’il s’agit là d’une autre forme de chantage, ouvertement de son fait.

Si besoin, elle n’hésite pas non plus à se qualifier elle-même « d’islamistesophobe et jihadisteophobe » pour espérer convaincre, suggérant sans en avoir l’air que le terme « islamophobe » serait lui aussi un néologisme qui ne voudrait rien dire. Elle ne témoigne quasiment aucune empathie envers les musulmans quand ils sont victimes de racisme, mais accablent ces derniers de toute la charge antisémite perceptible en France.

La faute serait selon elle celle des parents et de l’éducation antisémite qu’ils transmettent, ou bien du conflit israélo-palestinien qui servirait de prétexte pour exprimer la haine des juifs. Une « indignation à géométrie variable » et une « indignation sélective », dit-elle, soit le même reproche qu’elle adressait aux féministes qui « choisissent des causes qui les arrangent ».

La question du voile bien sûr n’est pas épargnée, évoquant invariablement un « étendard politique », un « costume identitaire » ou un instrument d’oppression des femmes. Tous ces éléments constamment répétés en boucle s’accompagnent de l’injonction permanente adressée aux musulmans de dénoncer l’antisémitisme au risque de se voir suspecter d’être des islamistes.

• Face au « chantage au FN », l’acte manqué identitaire

Mais le plus significatif ici reste le « chantage au FN » que Henda Ayari invoque lorsque des internautes s’inquiètent des dérives de son discours ou lui reprochent plus ouvertement une collusion idéologique. Le rapport qu’elle fait par exemple entre « racailles », djihadistes et nazis, ou lorsqu’elle écrit « quand ce n’est pas un djihadiste qui assassine, c’est la racaille qui agresse », est typique de l’outrance et de l’argumentaire du discours d’extrême-droite.

Henda Ayari persiste et signe, notamment le 17 juillet, en se montrant capable de parler de « chantage au racisme, à l’islamophobie et au FN », d’affirmer que « l’on peut dénoncer les racailles sans être pro-FN », et retwitter dans la foulée Damien Rieu qui se réjouit que l’on aurait « a priori réussi à nettoyer l’équipe de France de ses racailles et qu’il y a désormais urgence à faire pareil dans tout le pays ». S’il est besoin de le préciser, Damien Rieu est une figure montante de l’extrême-droite, lié à la fois au Front national, à Génération Identitaire et au site Fdesouche.

« Après le chantage à l’islamophobie voila le chantage au FN! Je dis une vérité flagrante, je ne vais pas la taire parce qu’un parti politique auquel je n’adhère pas dit la même chose! Je trouve inadmissible ce chantage au FN victimaire! On peut dénoncer les racailles sans être proFN ! »

https://twitter.com/Henda_Ayari/status/1019134776647864320

« C’est justement à cause de ce chantage au racisme à l’islamophobie et au FN que beaucoup de gens n’osent pas dénoncer le comportement de la racaille qui pourrit la vie de beaucoup de gens !Voilà pourquoi ils en profitent parce qu’il y a trop de laxisme et pas assez de fermeté! »

https://twitter.com/Henda_Ayari/status/1019136524632412161

« Retweeted Damien Rieu (@DamienRieu):

Ils ont a priori réussi à nettoyer l’@equipedefrance de ses racailles.
Il y a désormais urgence à faire pareil dans tout le pays comme le montre les très nombreux pillages et agressions d’hier.
Quelque chose me dit que ce sera beaucoup plus difficile. »

https://www.facebook.com/hindi.ayari/posts/10217039831053766

https://twitter.com/DamienRieu/status/1019274783685423104

C’est ce que l’on appelle typiquement un acte manqué, si l’on considère que cela n’a pas été intentionnel. Pour autant, ces dérapages, qui manifestement n’en sont pas, tout comme ces multiples acrobaties pour se rattraper après chaque nouvelle sortie polémique, ne prouvent aucun lien direct ou exclusif avec une quelconque organisation d’extrême-droite.

Bien au contraire, Henda Ayari semble être quelqu’un de constamment en roue libre et de parfaitement incontrôlable. En revanche, son discours alimente clairement et délibérément une atmosphère délétère autour des questions liées à l’islam, qui précisément fait le lit de l’extrême-droite.

Suite

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