Loi de finance 2019 : Mesures simplistes de court terme, voire populistes, politiquement habituelles !

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« La lueur de raison dont l'homme est doué lui fait croire que tout ce qu'il fait est raisonnable » (P. J. Stahl, 1841)

Un commentaire simple mais mémorable m'avait été adressé autrefois par un éminent Professeur sur un rapport que j'avais rédigé dans le cadre de son séminaire de DEA sur le Développement où j'avais employé maladroitement une vingtaine de concepts dans une quinzaine de pages en croyant que j'avais raison : '' Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement''.

Depuis, j'ai appris que la maîtrise des concepts n'est pas un luxe intellectuel que l'on se permet, mais c’est la condition minimale pour comprendre la réalité et agir en conséquence. Évoquer alors,

- le "Développement régional" par des mesures budgétaires alors que des projets depuis 2006 ne sont jusqu’alors pas achevés à cause, au moins, d'un défaut de capacités institutionnelles;

- "l'incitation à investir" par le rabattement fiscal sans politiques industrielles annoncées,

- "les politiques actives d'emploi" sans un plan systémique de croissance inclusive,

- "la réalisation des objectifs de la révolution" dans son aspect réduit de doublement du budget du développement régional,

- "les énergies alternatives" sans politiques énergétiques globales,

- "les chocs exogènes" sans mesures absorbant leurs effets,

- "le ciblage des transferts" avant l’annonce de l’achèvement du projet de’’ réforme du système des transferts’’ entamé depuis 2013 ,..., autant de concepts denses, complexes et multidimensionnels devant faire l'objet d'un travail préalable en profondeur, ont été passés en revue mais traduits par des mesures simplistes de court terme, voire populistes, politiquement habituelles et dont la portée de l'essentiel est celle du cycle politico-économique !

Ainsi, le rabattement fiscal, l'augmentation des salaires des suppléants et des transferts aux familles nécessiteuses et la voiture populaire, loin de pouvoir traduire les concepts et termes employés au début, sont décidés pour développer une ''vision'' couvrant la loi de finance 2019; vision assortie de ''Workshops'' animés curieusement par des Ministres.

Dans son discours, outre le fait que le chef du Gouvernement aurait pu éviter d’attaquer ses adversaires politiques, il aurait pu aussi éviter l'emploi de termes peu appropriés par rapport à son objet précis ainsi que les mesures révolues en faveur de la voiture populaire et contradictoires avec l’assainissement budgétaire et la promotion des énergies alternatives.

Il aurait pu en revanche présenter les enjeux du Cadre de Dépense de Moyen Terme ainsi que les mesures possibles permettant de réaliser les objectifs budgétaires devant, croyons-nous, être fixés comme suit :

(1) alléger les conflits d’intérêts entre les principales parties prenantes,

(2) soutenir la croissance inclusive et l'emploi, et amorcer plus généralement le processus du développement tant omis,

(3) rétablir la soutenabilité du déficit public et de la dette extérieure, et plus généralement la stabilisation macroéconomique,

(4) rétablir la confiance des agents économiques en les mesures fiscales par de nouvelles mesures concrètes contre l’évasion fiscale et la corruption, mobilisant plus de ressources à l'Etat.

Quant au volet technique nécessaire à la réalisation de ces objectifs, nul ne vaudrait la transparence et l'implication des compétences nationales, depuis les hypothèses sur le taux de change, jusqu'aux prévisions de croissance en passant par les implications budgétaires des différentes mesures envisageables.

Mais, je crois qu'en dehors de ces objectifs on ne pourrait que compter sur l'altruisme de la nature pour une bonne récolte agricole et le retour du cycle des affaires… Le reste serait de la revue de la littérature…

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