On parle depuis des lustres de la faiblesse de la recette moyenne touristique en Tunisie. Qu’a-t-on fait pour son amélioration ?
Vous ne savez peut être pas que la majorité des touristes qui viennent en Tunisie repartent avec la quasi-totalité des devises qu’ils comptaient dépenser chez nous !
Quand on n’a pas envie de s’offrir un tapis, de s’encombrer avec un objet en poterie, d’acquérir un produit en cuir qu’on trouve facilement ailleurs de meilleure qualité, que peut-on ramener de précieux après un séjour touristique en Tunisie ?
Malgré les efforts faits par les stylistes et les créatifs sur beaucoup de produits remis à la mode et au goût du jour genre sac, fouta, chéchia et autres objets d’artisanat etc…il n’y a pas de produits prestigieux faciles à acquérir et à transporter qui pourraient séduire les touristes au point de faire chauffer leurs cartes bancaires dans les boutiques de nos hôtels et de leurs environs.
Pourtant, il suffit de lever la tête, de voir ce qui se fait ailleurs. Il y a un secteur qui fait depuis des décennies des performances exceptionnelles sous d’autres cieux comme en Grèce ou en Turquie : le secteur de la bijouterie et de la joaillerie. Qui n’a pas été séduit lors d’un séjour dans ces pays par un bijou à offrir, qui lui a fait de l’œil à la boutique de l’hôtel ou lors de l’une de ses sorties en ville.
Pour booster leur tourisme, les turques paient même le voyage et le séjour à 100% aux touristes qui acceptent de visiter leurs souks. Il y a de quoi quand on sait que la Turquie est en phase de devenir le premier centre de distribution de joaillerie en Europe et au Moyen Orient et qu’au cours des cinq dernières années, l’exportation de joaillerie turque a atteint 3,3 milliards de dollars, avec une augmentation d'environ 60%.
Au même moment, une étude récente conclut que le secteur tunisien de la bijouterie est en déclin, souffrant de graves problèmes structurels. Le secteur des bijoutiers en Tunisie serait selon cette étude un secteur corporatiste, protégé de la concurrence, fermé et bien verrouillé avec de puissantes barrières à l’entrée, réglementé par l’administration et donc peu innovant, caractérisé par des monopoles étatiques. C’est un secteur déclinant qui ne pourra pas, dans sa structure actuelle, envisager une quelconque évolution.
Voilà un autre dossier à mettre sur la table et à développer afin de donner un nouveau souffle aussi bien à notre artisanat, à notre produit touristique et à ses performances financières.
Je me souviens que dans les années 90, Si Ferid Tounsi, à l’époque représentant auprès du Benelux de l’Agence Tunisienne de Promotion des Investissements, avait reçu en Tunisie une délégation d’une cinquantaine d’hommes d’affaires des Pays Bas, de Suisse, de Belgique et du Luxembourg, tous intéressés d’établir des partenariats pour développer cette filière en Tunisie.
Qu’a-t-on fait depuis ? Où en est-on ?