Anniversaire des accords d’Oslo

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Plus que jamais, l’État hébreu dit inlassablement au monde « sa volonté de paix ». Plus que jamais, il prouve dans le même temps, par ses actes, qu’il n’en est rien, nommant ainsi en octobre 2006 un ministre des Affaires stratégiques et vice-Premier ministre (Avigdor Lieberman, du mouvement d’extrême droite Israel Beitenou) ardent partisan de l’épuration ethnique..(...)

A la dichotomie du vieux conflit nationaliste est venue se superposer l’affirmation de la génération islamiste sur les ruines d’un pouvoir d’État palestinien largement discrédité. Depuis la victoire électorale du Hamas aux législatives de février 2006, l’occupant – qui n’a jamais cessé de critiquer la mauvaise gouvernance palestinienne – exige avec une vigueur renouvelée de désigner lui-même les représentants de ses occupés.

Et il entend de surcroît que chaque habitant des petits ghettos auxquels, en quarante années, a été réduite la Palestine, veuille bien chasser de sa prunelle ce reflet inquiétant du ressentiment qui fait craindre un accès de mauvaise humeur, tout en regardant pourrir l’avenir de ses enfants à l’entrée de l’un des centaines de check-points ou à l’ombre du mur « de sécurité ».

À défaut d’y parvenir, Israël justifie de nouveaux durcissements – toujours « préventifs » bien sûr – du régime pénitentiaire des habitants de la grande prison. Et à l’été 2006, pour avoir osé priver l’« armée de défense d’Israël » de son « droit » exclusif à faire des prisonniers (10 000 en 2006, dont plusieurs ministres qui ignorent toujours leur chef d’inculpation) en en faisant un puis trois, les citoyens de la bande de Gaza puis du Liban tout entier ont subi sous les bombes un long martyre.

Avant que ne survienne en 2007 à Gaza ce « coup d’État du Hamas » contre l’autorité du président Abbas et que ne soit ainsi parachevée la noirceur de sa réputation médiatique, une longue série de violences s’étaient produites, toutes aussi condamnables, dont deux au moins méritaient tout autant l’appellation de « coup d’État ».

Mais celles-ci n’émurent aucun de nos bruyants « défenseurs des libertés », aussi bien d’ailleurs sur la scène européenne et mondiale que dans les sphères officielles arabes. En adoptant leurs méthodes, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en quelques mois de pouvoir, rejoignit en quelque sorte, les rangs des « Pinochet arabes ».

Dès lors qu’il s’agissait de protéger son pouvoir, à leur image, il ne se refusa aucun moyen, pas même la coopération avec l’environnement étranger le moins bien intentionné à l’égard de ses concitoyens.

En 2003, au nom la « bonne gouvernance », Israël et ses alliés avaient imposé au président Arafat un Premier ministre, poste créé pour la circonstance, a qui furent transférés notamment dans le domaine financier des pouvoirs importants.

La manœuvre avait peu à voir avec la « bonne gouvernance » invoquée et tout avec celle d’affaiblir Arafat et, avec lui, la résistance nationaliste qu’il incarnait. Élu sans surprise président après le décès, dans des conditions fort troubles, du vieux leader palestinien, l’ex-« Premier ministre modéré », chéri de la communauté internationale, fut toutefois clairement battu par le Hamas aux législatives de février 2006.

Il se trouva donc en situation de devoir confier à l’opposition les pouvoirs importants qu’il avait lui-même, en devenant Premier ministre, ravi au président Arafat. Il n’en fut rien. Le résultat des urnes fut à peu de choses près nié par le Fatah qui, avec l’aide d’Israël et de ses alliés, fit en quelque sorte retirer au gouvernement présidé par Ismail Haniyeh ses prérogatives financières pour les rendre à la présidence où ils avaient été considérés comme exorbitants lorsque c’était Yasser Arafat qui en était le titulaire.

Abbas accepta ainsi d’être l’instrument d’un second coup de force, commis cette fois au détriment d’un Premier ministre sorti des urnes le plus également du monde. Non seulement l’Union européenne ne protesta pas contre le détournement du résultat des élections qu’elle avait encouragées et contrôlées, mais elle fera piteusement sienne le boycottage israélien et américain des vainqueurs des urnes, piétinant lamentablement les principes qu’elle prétend imposer avec arrogance au reste de la planète.

Une fois de plus, en Palestine, les violations de la légalité, internationale et constitutionnelle, n’étaient pas seulement le fait des « autres » mais tout autant – et en l’espèce franchement plus – de ces « uns » qui tentent souvent de se poser comme les chantres du légalisme ou les détenteurs du monopole de l’humanisme.

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