Combattre Zemmour Et Son Système

Photo

Depuis des années, le phénomène Zemmour parade sur les plateaux télés, radio, s’étale dans les colonnes du Figaro ou de Valeurs Actuelles, écrit des livres et se fait publier par Albin Michel en toute impunité.

Oui il a été condamné? Et alors? Le personnage est toujours là et envoie un message clair: tant qu’on s’en prend aux noirs, aux arabes, aux Roms et plus communément à ceux qu’on appelle “les musulmans”, ce n’est pas grave.

Il faut se rappeler que Zemmour n’est devenu Zemmour que grâce au service public financé par nos impôts. Cinq ans sur « On n’est pas couchés » avec Laurent Ruquier et des années de couverture positive dans la presse subventionnée encore une fois par nos impôts ont fait de lui une figure “banale”.

Eric Zemmour n’est que le produit le plus rentable d’un réseau de convergence entre les militants pro-israéliens et l’extrême droite. Si vous vous souvenez de ma chronique “Être Sioniste, c’est être antisémite”, vous vous souviendrez aussi d’un certain Hileil Weiss qui théorisait le rapprochement entre Israël et les mouvements néonazis d’Europe afin de rendre impossible la création d’un état palestinien indépendant.

Ce n’est donc pas une surprise, en tous cas me concernant, de voir les militants pro-israéliens tels Gilles Willam Godnadel défendre Florian Philippot ou d’entendre le président du CRIF déclarer que “Marine Le Pen est irréprochable”.

Cette convergence entre sionisme et extrême droite s’illustre aujourd’hui avec Eric Zemmour ou d’autres qui partagent les mêmes idées. Mais le problème de fond, ce n’est le personnage Zemmour mais le système qui le porte et se charge de sa promotion.

Pour commencer, le service public est parmi les premiers responsables dans l’émergence et la normalisation des discours d’Eric Zemmour. Personne au sein du CSA ou du Ministère de la Culture ne s’est empressé de mettre fin à ses apparitions payées aux frais du contribuable ni à conditionner le versement de subventions au Figaro par exemple à la non propagation de thèses racistes.

Le soutien implicite du CSA et du Ministère de la Culture sont tels, que les provocations de Zemmour sont devenues prévisibles et je comprends le dégoût et le sentiment d’injustice partagé par beaucoup.

Pourtant, on continue de l’inviter et à lui tendre un micro sous couvert de, accrochez-vous “liberté d’expression” ou pour combattre ce qu’on appelle le “politiquement correct”. Dans ce cas, et Dieu sait combien je combats leurs thèses, pourquoi ne pas inviter Alain Soral? Pourquoi ne pas inviter Dieudonné? Allez jusqu’au bout de votre logique!

Ou bien, cette liberté d’expression n’est-elle bienvenue que lorsqu’elle provoque du buzz sur le dos de ceux qu’on appelle les musulmans? Les noirs? Les arabes? Les Roms?

C’est avec ce deux poids deux mesures qu’on alimente les théories du complot qui foisonnent sur le net.

Par ailleurs, et pour faire suite à la polémique actuelle, si Zemmour prétend aimer la France avec tant violence et que pour lui s’appeler Hapsatou est une insulte à la France, rappelons lui que ceux qui ont violé la France et l’ont vendue à l’occupant nazi ne s’appelaient pas Mamadou, Mohammed ou Filali mais plutôt Philippe, comme le maréchal Pétain, Pierre Laval qui avait déclaré: “Je souhaite la victoire de Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme s’installerait partout”, ou encore René Bousquet, père de la police nationale et donneur d’ordre zélé dans la déportation des juifs.

Personne n’est dupe. La seule insulte faite à la France, c’est de lui faire croire que l’élite qui a collaboré hier, a le droit de donner des leçons de morale sur l’amour de la France en laissant leur idiot utile Eric Zemmour porter leur discours.

Gardons une chose à l’esprit, si Zemmour ou je ne sais quel autre polémiste sont invités malgré l’évidente imposture qu’ils représentent, s’ils sont invités malgré leur condamnation par la justice comme c’est le cas de Zemmour, c’est parce que ceux qui les invitent tirent profits de leurs provocations racistes et qu’ils n’ont absolument rien à craindre. Il suffit de voir la réaction de Thierry Ardisson pour s’en rendre compte.

Comme le rappelle Daniel Schneidermann dans son papier du 19 Septembre, un certain Stéphane Simon est co-producteur de l’émission “Les terriens du dimanche” avec Thierry Ardisson.

Ce même Stéphane Simon est aussi actionnaire du site d’extrême droite La France Libre où l’on retrouve Gilles William Goldnadel, Nadine Morano mais aussi et surtout une autre plume de l’extrême droite, le franco-libanais André Bercoff. Et qui est la vedette de ce site? Vous l’aurez deviné, Eric Zemmour.
Traiter ce dernier de raciste et de misogyne ne servira à rien. Au mieux on vous répondra “Cessez votre victimisation!”, au pire, on vous répondra “Oui et alors?”.

Le réseau Zemmour n’est pas différent de n’importe quel autre réseau qui porte Caroline Fourest, BHL, Pascal Praud ou Ivan Rioufol.

Un réseau, ça se structure, ça se finance, ça s’entretien, ça a des alliés et ça converge avec d’autres réseaux.

Posons-nous les bonnes questions.

Qui sont les idéologues qui ont pris Zemmour sous leur aile? Qui les finance? Des fondations? Des hommes d’affaires? Des grandes familles? Reçoivent-ils de l’argent de l’étranger et si c’est le cas, en échange de quelles contreparties? Quels sont les relais médiatiques, politiques, institutionnels?

Qui leur ouvre les portes des grandes chaines et pourquoi? Qui leur ouvre les salles de réunion des partis politiques et leurs événements? Qui les protège au sein du service public pour leur laisser un accès inconditionnel ou continuer de verser des subventions aux journaux qui publient leurs thèses racistes? Quelles sont les chambres d’écho? Les militants qui les soutiennent à l’échelle locale et nationale? Quels sont les liens entre les uns et les autres?

Toutes ces questions méritent des réponses factuelles qui en retour, serviront non pas à combattre le personnage Zemmour, mais à exposer, démanteler et neutraliser le réseau qui le porte et mène ce pays vers une nouvelle catastrophe.

Aucune autorité de régulation ne fera son travail si nous, citoyens, refusons de les obliger à le faire. Lorsqu’il deviendra beaucoup trop risqué économiquement et politiquement de faire venir Zemmour et ses semblables, vous verrez que ces instructions interviendront.

Encore une fois. Il ne faut pas jeter la pierre à ceux qui agissent et qui sont debout dans la défense de leurs intérêts particuliers mais à ceux sacrifient l’intérêt commun sur l’autel de l’apathie.


* Yasser Louati : Co-Fondateur du Comité Justice & Liberté Pour Tous (CJL); Co-Founder Justice & Liberties For All Committee (CJL): #Racism #Repression; Surveillance

Commentaires - تعليقات
Pas de commentaires - لا توجد تعليقات