Oui, bien sûr, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que la jeune Palestinienne Ahed Tamimi bénéficie d’un large soutien politique et d’une « logistique » toute spéciale sur le plan médiatique… Mais les esprits malins parmi nous qui croient avoir découvert le pot aux roses voudraient nous persuader que, pour cette raison, elle n’est qu’un jouet entre les mains du Grand Marionnettiste… Si c’est vraiment le cas, reconnaissons que ce Grand Marionnettiste cache vraiment mal son jeu.
D’autre part, on aimerait que cette vague de suspicion à l’égard de la jeune Palestinienne et de l’authenticité de sa lutte émane des Palestiniens eux-mêmes : des familles, des jeunes et des moins jeunes qui subissent au quotidien les affres de l’occupation.
Car s’ils voient en elle au contraire une option viable, et dans le modèle de lutte qu’elle incarne une issue possible à l’épreuve historique qu’ils subissent depuis de longues décennies, ou en tout cas la promesse d’un combat renouvelé et plus fécond, ne faudrait-il pas calmer un peu ses ardeurs critiques ?
Ahed Tamimi n’est devenue le symbole qu’elle est désormais que parce que, dès sa prime jeunesse, elle a su faire montre d’un refus de l’avilissement face à l’ennemi qui opprime : la violence de ce dernier ne l’a pas arrêtée. Toute menue et fragile qu’elle fût alors, sa force d’âme la poussait au-devant du danger… Et rien n’est venu par la suite démentir cette nature rebelle et déterminée : au contraire !
Ses yeux clairs et la blondeur de ses cheveux — qui suscitent les commentaires dans le clan des Sceptiques associés — étaient déjà là et personne ne songeait à y voir un quelconque artifice.
Pour son cran, son courage et le prix fort qu’elle a payé malgré son jeune âge, quiconque prétend défendre la cause palestinienne devrait avoir honte de porter contre elle la pointe de ses sarcasmes… Et se demander si le problème n’est pas plutôt qu’il supporte mal qu’une jeune fille comme elle lui fasse de l’ombre.
Pour les autres, et ils existent bien sûr, c’est différent.
Une certaine presse israélienne et sioniste la poursuit quotidiennement de ses attaques, ajoutant aux moqueries l’accusation de terrorisme. Ces gens-là sentent bien qu’avec elle, plus sans doute qu’avec toute autre figure du militantisme palestinien, le danger grandit qui menace le statu quo de la domination dans lequel ils se sont si confortablement installés.
Bien sûr, loin de nous l’idée de prôner ici une quelconque naïveté. Il y a bien des forces plus ou moins visibles, qui tirent des ficelles, qui poussent dans la direction de certains scénarios. Mais elles ne sont pas nécessairement inamicales ou malveillantes : la recherche des issues, dans la vie des individus comme dans celle des nations, suppose que certaines entreprises soient menées à l’ombre des regards. La discrétion de la manœuvre est un ingrédient parfois indispensable à la construction des solutions.
Une saine vigilance reste toujours de mise… Mais attention qu’elle ne se transforme pas en une passion dévorante et en une paranoïa aveuglante, qui entraîne de plus sur la voie d’alliances contre-nature !
Bref, Ahed Tamimi est un symbole qui grandit, avec l’aide de forces qui dépassent assurément sa modeste personne. Mais cela n’est rendu possible que parce que, en elle, il y a une force qui croît. C’est pourquoi les feux de la rampe ne l’écrasent pas : ils la révèlent !