Monde : de 2015 à 2016

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Si pour un français, l’année a été dominée par le terrorisme, le monde a continué de tourner, de s’agiter, avec ou sans nous. L’heure est de regarder derrière nous, mais aussi devant…

Commençons par observer ce monde. Il y a quelques années, il n’y avait plus qu’un pays dominant, les Etats-Unis. Aujourd’hui, on revoit venir une sorte de guerre froide qui s’est tue le temps d’en découdre avec un ennemi commun. Mais économiquement et politiquement, cette domination est un colosse aux pieds d’argile. Économiquement, la Chine prend un envol qui est ralenti par son empressement et sa dépendance au marché mondial. Les restructurations de son économie sont en cours, même écologiquement parlant. La Chine investit massivement dans les pays en voie de développement, comme une sorte de nouvelle colonisation. Les énergies d’aujourd’hui et de demain restent les catalyseurs des conflits à venir, et des instabilités actuelles. Contrairement à ce qui est dit souvent, je ne pense pas que l’Inde joue un rôle dans les 10 années à venir. Elle est absente des enjeux énergétiques majeurs qui se jouent aujourd’hui en Asie, encore ballottée par la lutte USA-Chine qui s’installe. Elle ne trouve d’influence que via les BRICS, qui sont aujourd’hui plutôt les BRIS. Le pays a tant à faire pour s’assurer des bases saines qu’il doit se tenir à l’écart des influences régionales. Le virage nationaliste (et libéral) avec l’élection de Narendra Modi pourrait changer cela.

L’Europe affirme son déclin et sa décomposition à travers son incapacité à s’unir politiquement sur les sujets mondiaux. Les intérêts des membres de l’UE n’ont jamais été aussi divergents qu’aujourd’hui. L’affiliation à l’OTAN de l’ensemble des membres est une erreur de longue date, empêchant toute politique internationale cohérente. De fait, une troisième voix politique n’est jamais possible et on le voit encore dans la crise au Moyen-Orient. Mais le pire de l’Europe est à venir comme on peut le voir avec les négociations transatlantiques (article à venir le 6 Janvier). Elles inféoderont alors économiquement un continent qui ne sait pas trouver son propre modèle. Le modèle dominant actuel est dans la dérèglementation, plus ou moins précipitée, sans sombrer encore dans un total libéralisme à la Friedman. Mais l’influence des courants de pensée de l’école de Chicago et de celle d’Harvard reste incontestable dans l’OMC et son prolongement européen. Tout le monde a oublié que ce sont ces théories qui ont mondialisé la crise de 2008. Pas sûr que les quelques courants « de gauche » comme Podemos en Espagne, ou Syriza en Grèce aient la moindre chance de ne pas être avalés par la machine. Déjà, ils prennent les mêmes tournures que leurs prédécesseurs avec l’exercice du pouvoir (hiérarchisation aristocratique, cumul des mandats…). Les travaillistes Anglais ne sont pas prêts de revenir au pouvoir et à l’est de l’Europe, c’est une droitisation extrême qui s’affirme.

Le Moyen-Orient continue de focaliser les regards du monde. Militairement, l’ennemi EI sera balayé un jour ou l’autre mais le panarabisme sunnite continuera de prospérer et d’alimenter l’instabilité de la zone. Cette instabilité, paradoxalement, est profitable au reste du monde dont les économies se tournent sur l’armement, sur les énergies alternatives. Le cynisme continue d’être aux commandes. L’occident a longtemps profité de ces territoires pour ses ressources, fixant des frontières pour se partager le butin. Aujourd’hui, il profite des financements des émiratis mais demain, l’économie du Moyen-Orient devra aller ailleurs, mettant en danger les pétromonarchies. C’est déjà le cas avec les spéculations sur le prix du brut qui échappent aux pays de l’OPEP et les fragilisent. D’où la tentative d’exister au delà du pétrole, mais à travers une vision ultralibérale bien instable. Il reste du temps pour notre génération pour cette fin de l’ère pétrole, c’est sur, mais ne voit-on pas assez les conséquences de ce chaos entretenu sur nos vies ?

Jusque dans la politique française… Après les attentats, nous avons eu l’épisode des migrants, non, des réfugiés comme nous devrions les appeler. Puis nouvel épisode de terrorisme, pour installer en tête des préoccupations, deux thèmes : Immigration et Sécurité. Avec cela, et selon la sempiternelle routine médiatique qui veut que l’on doive donner ce que le public veut, les idées du Front National s’installent et masquent tout le reste de la vie politique et économique. Le FN cristallise…la peur, l’inquiétude, autant chez le français que chez le politicien qui a peur de perdre sa place. La campagne de 2017 est déjà commencée et balaie tout le reste, masque aussi toute la libéralisation qui se construit pas à pas, la déconstruction de toutes les conquêtes du 20ème siècle. On crée des lois fourre-tout, on masque la déconstruction du système de santé derrière des revendications de classes, divisant pour mieux régner, chez AirFrance, dans l’Hôpital, dans le secteur Privé. 2016 sera une année transitoire où l’on continuera d’installer les outils pour cette économie libérale que Sarkozy n’a pas eu le courage de créer avec le moteur de la peur, de la mort, de la précarité, de la perte d’emploi… Valls l’appelait de ses vœux, utilisant encore le terme « Social », comme un voile masquant la réalité, que Hollande a toujours pratiqué localement ou nationalement. Que les libéraux vocifèrent que ce n’est pas libéral, car il y a trop d’état….ils seront comblés dans quelques années. Leur manque de clairvoyance est dû à leur empressement carnassier, qui leur fait aussi oublier aussi la culture de ce pays, inadaptée à leur idéologie.

Dès septembre 2017, ils auront déjà des raisons de ce réjouir dans de grands pans de l’économie, dans les accords préparés par les plus grandes sociétés françaises, dans le secret des cabinets et des think tanks, qui ajouteront encore à la précarité sociale. Écologistes et Vrauchistes (comme ils s’appellent) peuvent continuer à ronger leur frein jusqu’à la corde. Allez, bonne année quand même.

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