De la compassion des Tunisiens envers Béji Caïd Essebsi, le Président, lors de sa récente hospitalisation…

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Était-ce naturel ? Aurait-t-il battu promptement les records de popularité des leaders, transcendant ainsi toues les prédictions des sondages statistiques ? Ou serait-ce dû à un peuple psychologiquement fragile, et/ou une classe politique Machiavélique qui s’est es-post exprimée en patriotique ?

(1) Sans revenir sur les petites histoires fallacieuses autour de l’évènement et leur sémantique délirante relayée par quelques médias, et

(2) sans emprunter la voie moraliste prise souvent pour subjective et arbitraire, je me limiterais aux points suivants :

1. Rousseau dans son ‘’Contrat Social’’, revient aux origines de la famille comme le modèle original de la Politique, puisque le Père compense les soins qu’il fournit à son enfant par le plaisir dont il procure. De son côté, l’enfant lui doit obéissance en contrepartie.

Ce lien considéré ‘’naturel’’, se transpose à celui entre l’Etat, ayant le plaisir de gouverner, et la Population qui lui doit soumission. Aussi, ce lien se dissout à mesure que l’enfant devient indépendant pour restituer sa liberté naturelle, cependant il est maintenu et perpétré par la ‘’convention sociale’’.

Si l’on considère ce cadre d’analyse (qui ne couvre pas à l'évidence tous les tunisiens) pour comprendre la mobilisation d'une partie de la population en faveur de BCE occupant dans leur imaginaire collectif la position du Père, on s’apercevra nombre de contradictions :

- Les promesses de BCE en matière de services en faveur d’une population privée de ‘’viande rouge’’ et à court de moyens de subsistance, n’ont pas été réalisées. Est-ce à ce point alors la ‘’convention sociale’’ chez les tunisiens a pu maintenir la relation de parenté avec l’Etat ? Ce serait peu probable après le 14.

- Indépendamment de leur pertinence, les deux principaux projets de loi proposés par BCE étaient à l’encontre de la famille, prise dans le sens de la convention sociale tunisienne, à savoir :

(1) le projet de loi de l’amnistie pour les hommes d’affaires et commis de l’Etat corrompus, et

(2) celui des droits individuels de ''Bochra''.

En fait, ces deux projets de lois ont été perçus à l’encontre de l’intérêt de la famille au sens de Engels dans son ‘’ L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État’’ sur la base des notes de Marx, montrant que la famille est en substance opprimée.

A cet effet, BCE considère donc que les ‘’membres de la famille’’ (la Population dont il représente l'Etat) sont devenus indépendants alors que ceux-ci ne le sont pas encore, ou souffrent éventuellement du complexe de Peter Pan, puisqu’ils prennent l’Etat toujours pour un Père à la Rousseau, alors que le Père les considère être devenus adultes-indépendants!

Même, ils ont ''crié victoire'' quand l’intox a été démentie, comme s'ils refusaient qu'il parte, outre les prières pour sa longue vie qui ont circulé par tous les réseaux sociaux des jours durant. Prières exprimées par les uns comme réaction spontanée de compassion, et par d’autres comme normalisation peu originale.

2. Dans les temps modernes et en Démocratie, l’Etat ne peut pas être réduit au ''Père d'une famille'', bien que certains optent pour ''Le Market Freindly State'', (comme J. Page, 1991), car l’aboutissement du processus rousseauiste débouche sur un ’individu maître de soi, les conventions sociales ne sont pas immuables, et l’Etat tire désormais sa légitimité du ‘’Stateness’’, soit un ensemble de missions concrètes articulées autour de sa souveraineté et des services qu’il fournit ou fait fournir à tous les citoyens.

Outre la mise en évidence d'un réel besoin populaire de Leaders, je présuppose que l’Elite Politique tunisienne devrait tirer des conclusions de l’évènement dont BCE/Etat était le principal auteur pour mieux comprendre les liens entre l’Etat et la société tunisienne ; un lien jusqu’alors négligé.

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