Entre urgence sociale et grandes manœuvres

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Sachant que le plein emploi appartient à des économies révolues, des économies qui n’ont pas résisté à l’épreuve de l’histoire, l’objectif de tout gouvernement moderne est plus modestement de résorber le chômage au fur et à mesure qu’il se manifeste. Et c’est là que la performance peut varier d’une équipe à une autre… Car il y a un savant dosage à maîtriser entre la dynamisation du secteur privé afin de le rendre avide de nouvelles recrues et le développement d’une politique de formation inclusive qui anticipe et prévient les fractures sociales sans perdre de vue les actions à mener au coup par coup…

En Tunisie, le problème du chômage n’a pas connu de véritable solution depuis plusieurs années. On peut dire que, en dehors de la question de l’érosion morale de l’ancien régime, la cause de la chute de ce dernier fut son échec à apporter de vraies réponses au chômage. Ensuite, et depuis maintenant cinq ans, nous avons assisté à des actions plus ou moins ponctuelles, sans grande envergure, qui n’ont rien changé à la situation dans le fond, ou si peu… L’Etat a procédé à des recrutements dans la fonction publique, il a apporté des aides ici ou là à des secteurs sinistrés, mais aucune stratégie d’ensemble n’a été mise en place qui aurait permis de ne plus subir le phénomène, qui aurait permis d’agir contre lui durablement et efficacement.

Les responsables actuels invoquent la période de transition, avec la fragilité politique des gouvernements précédents… Mais l’actuel gouvernement, fort de sa majorité parlementaire, tarde pourtant à renverser la vapeur. Il reste en butte à toutes sortes de forces d’inertie. Dans le même temps, il faut admettre que le traitement du problème du chômage, dans la mesure où il est lié à la transformation de tout un modèle économique, demeure lui aussi tributaire de cette sorte de grande manœuvre, dont la réalisation engage d’importantes réformes…

On sera donc attentif aux actions engagées dans deux directions : la relance de l’investissement et la dynamisation de l’économie d’une part et, d’autre part, la refonte du système de formation au sens très large de ce terme, c’est-à-dire du système qui engage non seulement la formation professionnelle et l’enseignement supérieur, mais aussi l’éducation de base, qui constitue un vaste chantier.

Toutefois l’Etat, dans cet effort, doit aussi savoir compter sur des alliés réels, en particulier du côté de la société civile…

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