Légitimité et manipulation…

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La protestation est partie de Kasserine pour faire tâche d'huile et toucher la plupart des zones déshéritées ainsi que les quartiers et cités populaires. Janvier a toujours été un moins particulièrement chaud en matière de contestation sociale, parfois extrêmement violente, de revendications syndicales et de mouvements de protestation politique. Ben Ali a été éjecté en janvier, et ce janvier 2016 rappelle que les objectifs de la révolution n'ont pas été atteints, que les régions pauvres demeurent marginalisées et que le chômage affectant les jeunes diplômés est et reste un problème irrésolu. A l'évidence, la situation sociale est explosive et risque à tous moments de dégénérer ce dont profitent délinquants et pilleurs, démagogues et pyromanes, fabulateurs et cerbères de l’ancien régime.

Comme nous ne sommes pas nés de la dernière pluie, celle de ce soir par exemple, nos discernons encore entre le bon grain et l'ivraie, le bon: ce sont les revendications plus que légitimes de toutes les régions défavorisées, déshéritées, appauvries, humiliées par 50 ans d'injustices, d'inégalités, de mépris, de surdité politique, d'indécence, de ségrégation, de corruption, de silences complices et d'autres saloperies, leur colère n'a pas besoin de justifications, elle est saine et porteuse des germes d'un changement salutaire des mentalités....L'ivraie: la manipulation, la récupération , l'intox, le mensonge, l'intention de créer les conditions pour un chaos généralisé propice aux complots obscurs et aux cabales putschistes.

Nous savons exactement que toute colère, aussi légitime soit-elle, peut être dévoyée par de faux révolutionnaires dont les parrains sont loin d'être révolutionnaires.

Ceux qui jettent de l'huile sur le feu....

Pour la plupart ce sont ceux qui ont profité de l'état de gabegie actuel: contrebandiers, escrocs, oligarques mafieux, toute cette pourriture que la révolution n’a pas balayé, qui ont formé des baronnies locales, enrôlant de jeunes hooligans, des casseurs professionnels, des délinquants, des repris de justice pour orienter un mouvement de protestation légitime vers des actes de violence et de vandalisme.

Nous savons que ce gouvernement est faible, qu'il n'a ni projets, ni visions, qu'il navigue à vue, que son chef est sans relief, sans personnalité, sans idées, qu'il est un accessoire entre les mains de Béji caïd Essebsi dont les attributions réelles inscrites dans la Constitution ne lui donnent qu'un pouvoir limité et circonscrit, nous savons que ce gouvernement de collusions et d'arrangements douteux n'est pas à même de faire face à la colère de la rue, parce que d'une part, ces deux béquilles, UPL et Afek, n'ont aucune assise populaire et n'ont aucune influence sur la rue, et d'autre part, Nidaa est divisé , amoindri, diminué; vraisemblablement impuissant et en retrait par rapport aux revendications actuelles.

Le quatrième parti de la coalition, en l’occurrence Ennahdha, intègre la protestation populaire dans sa logique de confrontation avec Jebha et accuse cette dernière d'alimenter et de nourrir la flambée de violence afin d'engranger par la suite des dividendes politiques et d'écarter du gouvernement Ennahdha.

Jeter de l'huile sur le feu aujourd'hui n'est pas innocent et vouloir à tout prix précipiter l'effondrement de l’État et de ses institutions, par le recours à une violence massive et aveugle avec son lot de pillages et de mise à sac des biens publics, implique une planification et une organisation qui vont au-delà de l'expression légitime d'un ras-le-bol spontané, juste et tout à fait, rappelons-le, légitime.

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