Génération Zaba

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Même schéma que 2010 et 2011 ... une certaine presse ne manque pas d'utiliser les mots de "barbares", "pilleurs", ... attention ce n'est pas comme ça que l'on va calmer le jeu. Je pense que la situation est bien plus complexe, que la manipulation est une règle reine dans ce genre de tensions sociales.

La réalité, on l'a refusée depuis des décennies, celle d'une génération mal éduquée et mal formée par le système de zaba qu'il va bien falloir aider à vivre. La génération zaba a été une génération sacrifiée par tous, on a fermé les yeux sur un système éducatif qui s'est effondré au début des années 2000 par la politique populiste de zaba qui a créé les diplômés chômeurs de cette décennie.

Depuis 5 ans, et après les revendications claires et explicites de cette génération lors de la révolution, les gouvernements qui se sont succédé n'ont mis en place aucun "mécanisme d'emploi", ils ont laissé plutôt l'anarchie prendre en charge cette jeunesse avec une explosion du commerce parallèle tenue par des mafias aussi dangereuses les unes que les autres (anciens régimes, religieux et terrorisme). L'exemple même de l'abandon total de l’État d'une partie de sa société. Et d'un autre côté les témoignages nombreux d'une jeunesse dynamique qui se retrouve face une administration, qui loin de pousser à la création d'entreprises, met, par un système de corruption, ces jeunes entrepreneurs dans des situations impossibles, devenus à la fois les pompes à fric de l'état et de sa corruption interne.

Aucun "mécanisme" de l'état ne fonctionne aujourd'hui. L'une des revendications de 2011 était la mise à niveau des régions entre elles, la décentralisation des pouvoirs, le développement des régions déshéritées par l'Etat depuis des décennies, le constat aujourd'hui est encore politique, en 5 ans les municipalités ont été anéanties, réduisant le pouvoir local à celui du gouverneur, alors que la municipalité était l'espoir d'un liant politique local avec le pouvoir centralisé de Tunis, c'était l'espoir de la mise en place de politique locale et volontariste.

Le constat depuis 5 ans est désastreux, déscolarisation en masse des enfants, suicides en masse, départs massifs vers l'Italie, engagement de certains jeunes dans le terrorisme, flambée du marché noir, corruption systématique dans tous les rouages de l'état, déroute du politique et des partis, ...

Les revendications d'aujourd'hui sont celles d’une jeunesse saine, d'une jeunesse qui se meurt à petits feux, qui veut espérer à une vie normale, qui crie depuis une décennie son abandon mais que l'on se cache c'est tellement plus facile. Non ce ne sont pas des barbares, ou du moins pas encore, cet abandon n'est pas encore désespéré, il est urgent d'essayer de la sauver, il est urgent de réformer l'éducation, soutenir la création et les pépinières d'entreprises, ...

Un pays n'a pas le droit d'abandonner sa jeunesse. Sa revendication est légitime mais il est certain que tant qu'elle restera sourde de la part des politiques elle se radicalisera ... la violence comme le suicide, l'incivisme, le terrorisme resteront leur seule voie. Sauvons cette jeunesse, sauvons la jeunesse tunisienne, soutenons-la, ne nous affrontons pas à elle, il faut la prendre par la main et non lui jeter la pierre.

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