Regarder hier soir un président de la république, sans pudeur mais persuadé « qu’il a tout bon » exposer à des représentants étrangers, les heurs et les malheurs d’une « petite politique » qui est, au demeurant, la sienne propre, est un crève-cœur qui nous renvoie hélas à la déchéance de ce pauvre pays.
Cet homme plébiscité pour sa probité et sa haute valeur morale, sa seule viatique politique, n’a, depuis son investiture, fait que multiplier échecs et faillites.
Le pays est de son fait depuis bientôt 2 mois plongé dans la crise et la paralysie gouvernementale.
Cet homme est plus soucieux de gagner son combat de coq avec le chef du gouvernement que d’asseoir le tribunal constitutionnel, plus inspiré à faire barrage à un grand parti (Ennahdha) que de respecter et de faire respecter le multipartisme.
A aucun moment il n’a donné l’impression qu’il habitait sa charge et qu’il faisait « ce qu’il devait et non ce qu’il voulait »
Un homme mû par les petits règlements de comptes ne saurait être un homme d’état.
Le chef du parlement n’est pas davantage habité par le sens de l’état. Cet homme qui au retour de son exil avait juré ses grands dieux qu’il n’avait aucune ambition politique est aujourd’hui certainement l’homme le plus controversé sinon le plus détesté de la Tunisie pour ses fourberies, ses innombrables trahisons et ses multiples retournements.
Le voilà aujourd’hui prêt à fournir de « la chair à canon » pour l’épidémie du Corona en appelant à manifester par « millions » faisant peu de cas de la vie humaine par ces temps de pandémie où les règles-barrières s’imposent à tous.
En ceci il n’est pas différent de la dame archéo- bourguibienne mais diablement fasciste qui, à Sousse, a elle aussi rassemblé de pauvres hères brandissant des pancartes avec des slogans qui ont fait ou sourire ou pleurer de honte.
Elle, non plus, n’a pas craint de braver les interdits et d’exposer ces pauvres gens amenés de je ne sais quel lieu oublié de la république.
Certes les manifestations sont en démocratie des canaux normaux de l’expression politique mais ici, là où ne prospère pas le sens de l’état, elles prennent l’aspect de guerre. C’est à celui qui mobilise le plus, à celui qui impressionne le plus, à celui qui trompe le plus, une mentalité de chef-miliciens prêts à armer leurs milices et à en découdre.
Politique, basse politique, la foire d’empoigne et tant pis pour l’état.
Chacun a sa propre compréhension du sens de l’état mais gageons que peu de nos politiciens ont cette qualité : le sens de l’état.