Depuis l’entrée en fonction du chef de l’État la Tunisie est installée dans la crise. Cette crise, si elle n’est pas uniquement de son fait, elle lui est imputable pour une large, une très large part.
La crise est aujourd’hui permanente et n’augure que de plus en plus de drames car manifestement sans issue.
Il est inutile de revenir sur les échecs répétés et avérés de cette présidence qui n’est même pas à mi-terme.
Sans nous attarder sur les épisodes « farces et attrapes » rappelons néanmoins le jeu de massacre auquel il s’est livré dans son domaine réservé celui des affaires étrangères, les nominations calamiteuses des candidats au poste de chef de gouvernement, son impassibilité et son indifférence vis-à-vis de la pandémie, ceci pour souligner quelques dates qui ont été des points marquant de cette présidence.
Maintenant son refus de ratifier la loi portant organisation de la cour constitutionnelle est d’abord un gâchis institutionnel et ensuite une forfaiture morale car les arguties juridiques auxquelles fait référence le chef de l’État sont des arguments pernicieux et en définitive « impossibilistes ».
Nul doute que quelle que soit la deuxième mouture qui lui sera proposée par le parlement sera elle aussi refusée. L’homme se plaît à ce qu’il n’y ait jamais de cour constitutionnelle. Il se veut lui seul « l’Oracle ».
Ceci est inadmissible et il n’est pas dit que, pour des haines idéologiques, nous devions accepter les soubresauts d’un tempérament qui n’a manifestement pas compris l’esprit d’une constitution qu’il a juré de respecter et défendre lors de sa prise de fonction.
Le chef de l’État est aujourd’hui un fardeau et un problème pour la République.
La bataille de la cour constitutionnelle.
Il est probable qu’après le renvoi de la loi organisant la cour constitutionnelle le chef de l’Etat pense qu’il marque des points et qu’au minimum il en sera quitte dans le jeu de va-et-vient de la loi entre lui et le parlement.
La loi ne sera pas paraphée, personne ne se fait d’illusion. Et nous voilà avec un autre front, une guerre frontale contre le parlement déclarée au vu et au su de tout le monde à l’initiative du président de la République.
Comme si la guerre intestine qu’il livre au chef du gouvernement et qui paralyse les rouages de l’État ne suffisait pas, le voilà embarquant le pays dans une guerre insensée avec le parlement au nom d’arguties extravagantes…les délais seraient passés !!!
On dira que l’homme est dans son rôle constitutionnel mais il est évident qu’il n’est pas habité par l’esprit de la constitution et encore moins par celui d’un homme d’Etat
Le parlement, espérons-le, devra relever le défi en nommant très rapidement les 3 juges qui sont de son ressort et renvoyer au chef de l’État la loi « retoquée ».
Le chef de l’État, en refusant de nouveau la loi, se démasquerait au regard des Tunisiens. Il prendrait dès lors la lourde responsabilité d’engager le pays dans une impasse tragique où démettre le président de la République deviendrait une option très sérieuse.