L’Empire du Chaos contrôle le monde en contrôlant les mers – et donc l’accès au pétrole et aux ressources naturelles.
Le plan impérial après la Seconde Guerre mondiale consistait à utiliser des organisations de façade telles que l’ONU, le FMI, la BRI, la Banque mondiale, dans le but d’exploiter les anciens bassins de main-d’œuvre du tiers-monde tout en éliminant les emplois mieux rémunérés aux États-Unis – au service des intérêts financiers et non de la population américaine. Ainsi, tous les emplois d’usine aux États-Unis ont été délocalisés. Cela ne fonctionne que si l’Empire contrôle les mers. D’où l’énorme budget militaire de mille milliards de dollars en temps de paix comme instrument de contrôle. L’Empire est toujours en guerre.
Les élites étasuniennes paniquent aujourd’hui parce qu’elles considèrent la Russie comme une menace majeure – capable, conjointement avec l’Allemagne et la Chine, de prendre le contrôle de la masse terrestre eurasienne et de disposer de suffisamment de ressources naturelles pour être autosuffisante.
Même en ce qui concerne le pétrole, la Russie peut approvisionner la plupart des pays d’Eurasie. En outre, l’alliance évolutive de la Russie, de la Chine et de l’Iran – le thème principal de mon travail analytique depuis des années – conduit lentement mais inexorablement l’Empire à perdre le contrôle du monde, même si la plupart des gens ne s’en rendent pas encore compte.
L’Allemagne est un vassal de l’Empire en raison de son contrôle des mers pour les ressources naturelles dont l’Allemagne a besoin. C’est pourquoi l’Empire est horrifié par le fait que Berlin cherche la sécurité d’un approvisionnement alternatif en pétrole et en gaz naturel auprès de la Russie. D’ailleurs, c’est la Chine qui s’est rapprochée de la Russie en 2014 pour obtenir des ressources naturelles qui a retourné les États-Unis contre la Chine, car cela pourrait la rendre indépendante des mers contrôlées par l’Empire.
Si l’Empire lui coupe le pétrole par la mer, l’Allemagne peut alors l’obtenir de la Russie. Si l’Allemagne n’est pas alliée à la Russie – qui peut lui fournir à peu près toutes les ressources dont elle a besoin – elle est alors à la merci de l’Empire, qui gouverne en dominant les mers.
Le concept américain de « liberté de navigation » signifie le contrôle absolu des mers pour que les États-Unis puissent régner en dictateurs sur toutes les nations qui exigent des échanges pour des ressources qu’ils ne possèdent pas. Les « démocraties » ou « républiques » ne sont que des ruses : la dictature en vigueur n’est pas celle du prolétariat mais celle des financiers, comme Bismarck l’a identifié il y a longtemps.
L’Allemagne doit avoir Nord Stream 2 comme assurance pour compléter ses besoins en pétrole et en gaz naturel, sinon elle risque d’être totalement dépendante du détroit d’Ormuz – pour le GNL en provenance du Qatar – qui peut être fermé, ainsi que pour la plupart de son pétrole qui transite par le détroit.
Les principales nations de la masse terrestre eurasienne ont percé le brouillard de la propagande impériale – et une alliance entre l’Allemagne, la Russie, la Chine et l’Iran rééquilibrera inévitablement le pouvoir mondial.
C’est pourquoi l’Empire se précipite frénétiquement dans le monde entier, car il se voit perdre son emprise. Et comme si cela ne suffisait pas, les Chinois et les Russes construisent des sous-marins comme s’il n’y avait pas de lendemain, équipés de missiles dernier cri : cela mettra fin à la maîtrise impériale des mers. En fait, elle est déjà terminée – mais l’Empire ne le sait pas encore.