Etonnante prestation de France-Inter ce matin. Yadh Ben Achour - qui a tous les défauts sauf celui de ne pas connaitre le droit constitutionnel qu’il a enseigné à Kaïs Saied, a beau affirmer que son étudiant “a violé d'une manière franche, grave, arbitraire les dispositions les plus fondamentales de la Constitution, pas seulement l'article 80 d'ailleurs", son “spécialiste” Anthony Bellanger (Pierre Haski… revenez !) ose affirmer que les décisions de Kaïs Saied sont “parfaitement” conformes à l’esprit comme à la lettre de la Constitution.
Cela dit, condamner les raccourcis empruntés par Kaïs Saied pour sortir de la crise ne justifie en aucun cas d’en nier la réalité. Et, le cas échéant, la part de responsabilité qui incombe à Ennahdha.
Au cœur de cette crise réside d’abord la semi-paralysie de la plus puissante des institutions du pays - le Parlement - et l’obligation pour le premier des partis- Ennahdha- de faire alliance, faute de majorité gouvernementale et au nom du pragmatisme, avec un parti populiste lié à l’ancien régime.
Seconde source de blocage, la disproportion entre la forte légitimité élective du Président - très solidement élu- et la faiblesse des compétences que lui accorde la constitution.
Troisième dimension, le caractère “fantasque” (a minima) de ce Président dont l’imaginaire politique (“l’inversion de la pyramide du pouvoir” par l’instauration de la démocratie directe) ressemble à s’y méprendre à celui de Moammar Qadhafi et son utopique “troisième théorie universelle”.
Quatrième dimension, et non la moindre, le barrage élevé à coups de milliards de dollars (sous couvert de lutte contre “l’islam politique”) devant toute ouverture démocratique par les suppôts, arabes mais aussi occidentaux, de la contre révolution arabe.