Le FMI a considéré ce mardi que les pressions inflationnistes actuelles ne sont vraisemblablement pas transitoires. Elles persisteront jusqu'à 2022, et appelle les Banques Centrales à ne pas aller vers les politiques monétaires laxistes dans la période à venir. Plus précisément, il avertit contre l'achat par les Banques Centrales d'émissions publiques.
Pour nous, n'étant pas en position de force, ça compliquerait davantage la situation dans les mois à venir puisque les marges de manœuvres souveraines sont très réduites…
Sans s'attarder sur les analyses puisque ça ne servirait à rien, la Tunisie ne semble pas avoir emprunté la meilleure voie pour traiter ses propres problèmes. Bref, ça sert d'un cas d'école rassemblant tout ce qui ne devrait pas être fait.
Effectivement, "la Tunisie sert d'un cas d'école rassemblant tout ce qui ne devrait pas être fait".
Je m'explique, à titre non exhaustif :
- Les nominations et révocations dans les postes les plus importants étaient et sont majoritairement inappropriées. Certes, l'Institution n'est pas tributaire d'une personne, mais cette dernière pourrait prendre dans si peu de temps des décisions à effets irréversibles, mettre le pays sur une fausse voie, ou faire perdre aux tunisiens un temps irrécupérable. Or, la transition institutionnelle impose l’aspect inclusif et transparent mais aussi non-partisan, lors des nominations, au risque de mettre sur le dos les compétences nationales, les faiseurs d'opinion et par là la population.
- Les choix de politiques publiques étaient totalement en dehors des prérogatives spécifiques de la Transition ; "transition"; un mot évacué des intérêts d'une Elite dirigeante majoritairement en dehors de l'histoire, et des propos de pseudo-Experts ne l'ayant presque jamais employé. Et même si c'était ainsi, aucune évaluation, ni mesures correctives urgentes, ni explication au public des trébuches successives commises par les décideurs eux-mêmes. Au contraire, des exploits et victoires imaginaires ont dominé le discours officiel, creusant ainsi un fossé de confiance et de crédibilité entre gouvernants et gouvernés.
- Un rôle de spectatrice, voire de résignée, d'une "Elite Intellectuelle" (EI) majoritairement décevante :
(1) Imprégnée de lectures révolues et inachevées, ou plate et élémentaires,
(2) intéressée par les p'tites histoires des personnes, souvent sur fond de préjugés haineux, (voir Fb), et
(3) dans l'attente de la fonte des neiges, pourtant tremblant de faim et de froid. Or, les expériences de transitions réussies ont été conduites essentiellement par une élite, libre d'esprit, rigoureuse et distante à toute tentative de cooptation
- Une position de "chercheurs des miettes" choisie par certains, jouant le rôle de carriéristes investissant dans leur capital social et jouant un rôle marginal dans le piétinement de la transition ; puisqu’ils introduisent des confusions auprès de la population.
- Aucun Economiste de métier n'a été officiellement sollicité pour mettre en œuvre sa vision de développement inclusif, vital à la démocratisation comme partout dans les expériences. Or, ces dernières montrent que développement et démocratisation vont de pair.
- Aucun gouvernement depuis 2014, date des élections pour une gouvernance permanente, n'a pris des décisions ou tenu un discours dont l'étendue temporelle dépasse le cycle électoral. Inappropriée et caractérisée de myopie, cette approche purement électorale, voire irresponsable, affecte la démocratisation et enfreint l’économie.
- Aucune approche de lutte sérieuse contre la corruption ni de redistribution de la rente n'a été de mise. Or, une nouvelle république impose un contrat social. Ce dernier devrait d'abord être articulé autour d’une nouvelle clef de répartition ; chose qui n’a point été suggérée, ni par le Quartet ni par les Politiques censés traduire les aspirations profondes de la population.
- Aucun dirigeant n'a fait preuve d'assimilation de l'Indépendance de la BCT ni des mécanismes de coordination des politiques économiques prévus par la pratique et la littérature en la matière. (Discours et faits à l'appui). Le déficit de cohésion institutionnelle que nous vivons actuellement en est le corolaire, pourtant signalé depuis dix ans. Et comment ? Ces dirigeants manquant la compétence de l’écoute, prennent les suggestions pour des critiques personnelles !
- Plusieurs journalistes ne posent pas les vraies questions et laissent passer des incohérences et de l'incertitude intellectuelle faisant ainsi aplatir la conscience collective et diluer les concepts de la transition et de fierté d'avoir vécu sinon contribué à la deuxième république, surtout auprès des jeunes générations ;
- Une classe politique évoluant sans prise de risque de renversement et d'effondrement dont les coûts sont irréversibles.
Enfin, les granges se sont multipliées et les défis se sont accumulés, mais cela ne justifie point l'abandon ou la fuite en avant.