- D'abord, “Combattre la corruption” est à l'évidence l'objet de consensus de tout le monde. Certains partis en ont fait par ailleurs un "axe privilégié" de "militantisme" et de "propagande" politiques leur permettant des points de popularité.
- Ensuite, dans sa démarche actuelle, probablement irréversible et donc très couteuse, ceux jusqu'alors arrêtés, mis en demeure ou révoqués "pour corruption" sont des personnalités politiques ou des commis de l'Etat considérés proches de partis politiques, ce qui enflamme à chaque fois "le club des de fans" et perturbe l'ordre des sondages.
Or, cette classe de personnes politiques mises en demeure n'est que l'anneau le plus faible sinon le côté apparent de l'iceberg. En fait, les mécanismes de recherche de la rente non-justifiée, connus dans la littérature, montrent que le "contrat de corruption" (dont on parle et non celle de bakchichs ou de pièces de rechange d’une voiture d’un garage d’un ministère) est entre trois principales parties d'importance hiérarchique décroissante à savoir, le capital (local et international: très compliqué à décortiquer et même à en apprécier le poids et le pouvoir informel), l'Etat profond (Deep State: très compliqué à démanteler), et au bas de l'échelle, l'Homme politique, l'élu, le responsable nommé ou l'exécutant.
Aussi, le "contrat de corruption" doit comporter des clauses telles que le partage de l'output soit fait en une "prime de risque" accaparée par l'exécutant et l'Etat profond ; une prime insignifiante par rapport à ce qui est capté par le capital, sans lui l'exécutant ne serait pas arrivé au post ciblé ou risquerait la révocation ou le sabotage s’il est nommé par une tierce partie.
En même temps, pour accroitre le "rendement de la corruption", l'exécutant devrait minimiser l'écart entre le risque encouru et la prime perçue, en "nettoyant" aussitôt que possible la traçabilité par le support technique de l'Etat profond qui a les "compétences" nécessaires et la résilience de s'adapter à toute instabilité ou choc. La stratégie est aussi d'arrêter au cas échéant les poursuites judiciaires au niveau de l'exécutant qui aurait implicitement, consciemment ou inconsciemment accepté d'être le bouc émissaire.
- En plus, dans une situation de captation de tout ou partie de l'Etat par le "capital" (comme groupe de pression), y compris les sources de son financement et donc de sa raison d'être, la marge de manœuvre de la lutte contre la corruption se limite alors à ce qui est désigné plus haut par le "côté apparent de l'Iceberg", c’est-à-dire, ceux qui ont été arrêtés ou mis en demeure.
C'est pour cela que "combattre la corruption" devrait être effectué d'en haut et non d'en bas ; c’est-à-dire du capital en passant par l'Etat profond vers l'exécutant, et non le contraire ; ce qui requiert une grande capacité institutionnelle et surtout beaucoup de temps ; chose qui n'est jusqu'à maintenant pas vérifiée.
En fait, Kaïs Saied se livre simultanément à la crise du régime politique, constitutionnelle, économique, sociale et aussi à celle de la corruption, avec des moyens (matériels et immatériels) trop limités. En fait, quand le nombre d’objectifs l’emporte sur celui des instruments, la politique est inefficace. (Regje de Tinbergen). Et en même temps, il ne peut pas maintenir sa gestion actuelle des affaires publiques indéfiniment.
- Enfin, puisque les mesures présidentielles du 25, aussi controversées chez les victimes du populismes, ceux en colère ainsi que ceux ayant adhéré à un agenda politique sans perspectives sociétales, que claires chez les spécialistes et les indépendants d'esprit, (1) ont fixé la barre haut en matière de bien-être social anticipé, et rien n'indique que les problèmes économiques du pays seront résolus aussitôt; ce qui pose le problème de "maintenir aussi longtemps que possible" l'effervescence actuelle des jeunes, voire de toute la population, (2) ne sont pas sans être sous la loupe du capital étranger et ses alliés institutionnels locaux et dans la région, qui imposeraient le tempo et le champs de l'exercice de Kaïs Saied, (...) alors toute l'histoire se limiterait à incarcérer des exécutants, discréditer les partis politiques et pourquoi pas les évincer, dépayser les structures institutionnelles de l'Etat et avoir un rendement financier insignifiant de la lutte contre la corruption.