Le lynchage et la mort de Djamel Bensmail sont atroces et sont impardonnables. Mais Djamel n'a pas été victime de la culture algérienne ou kabyle. Il a été tué par la foule, et la foule est un phénomène qui déshumanise l'individu.
La foule est présente partout : en Italie, en France, aux Etats-Unis et aussi en Algérie. Sa dynamique meurtrière peut se manifester dans toutes les sociétés. "Peu aptes au raisonnement, les foules sont au contraire très aptes à l'action" écrivait Gustave Le Bon dans son fameux livre "La psychologie des foules".
Pour cet auteur, la foule n'est pas une somme d'individus. C'est un phénomène de groupe qui fait naître une dynamique psychologique menant à des dérives inhumaines.
Cette dynamique psycho-sociale mortifère domine, par les passions, les individus qui, en d'autres circonstances, font preuve de plus de jugement. Après avoir commis l'irréparable, la foule se dissout ; l'unité mentale qui alimentait sa fureur disparait. L'individu raisonne, mais pas la foule.
Les régimes autoritaires se sont appuyés sur les foules pour dominer. Pour sortir du culturalisme aliénant, il faut se dire que l'Algérie est une société humaine qui, comme toutes les autres, est capable du pire comme du meilleur.
Le lynchage de Djamel fait partie du pire, et la solidarité au profit des victimes des incendies fait partie du meilleur.