La volonté populaire, souveraine faut-il le rappeler, s'exprime par deux voies : celle du scrutin et celle du référendum…en dehors de ces deux voies, nous sommes dans l'exercice d'une autorité illégitime et illégale, donc en dictature…
Les manifestations populaires , aussi légitimes soient-elles, ne confèrent à personne le droit de changer de régime ou de changer les règles du jeu en cours de match sans l'assentiment des joueurs, du public, de l'arbitre et des instances sportives…Le danger imminent, n'en est pas un, tout le monde le sait et tout le monde ment, si par danger, on entend le show permanent de certains députés pour avilir la démocratie en Tunisie, on sait exactement qui ils sont, par qui ils sont payés et pourquoi ils ont choisi le folklore et la violence pour entraver les travaux de l'assemblée….
Si par danger, on entend Ennahdha, en démocratie, un parti impopulaire perd des points importants aux élections, et en dix ans de "توافق" et de connivences avec l'ancien régime, Ennahdha a perdu plus de la moitié de ses électeurs sans pogrom, holocauste, arrestation massive et procès expéditifs, preuve s'il en est, que la démocratie fonctionne et qu'elle sait sanctionner par la voie légale et légitime du scrutin.
Enfin, si par danger, on entend la corruption et la contrebande, phénomènes qui existent en Tunisie depuis plus de quarante ans et renforcés par le régime mafieux de Ben Ali, ce n'est pas la nature du régime qui en est responsable (Ben Ali était un dictateur) mais les mœurs du régime et de la société…Le travail alors se fait en amont : école, famille, institutions, législations, valeurs à inculquer, transparence….
En somme, les manifestations populaires expriment une colère, une inquiétude, lance un message, débouche sur des revendications mais n'annulent pas la démocratie…Sinon, les gilets jaunes seraient aujourd'hui au pouvoir en France …
Combattre la corruption….
La petite, la grande, la moyenne, la puissante, la délinquante, la frivole, la "légale", "l'illégale", l'institutionnelle, la syndicale…nécessite 'une révolution des mœurs, des mentalités, des mécanismes administratifs, judiciaires, économiques, une refonte totale de l'Etat et de ses relais administratifs et institutionnels….
Ce chantier est la priorité des priorités car il concerne toute la population tunisienne dont une majorité est tantôt corrompue tantôt corruptrice…Faire semblant que ça ne concerne que le voisin est une hypocrisie, le bakchich est dans nos pratiques quotidiennes pour contourner un obstacle, éviter une contravention, obtenir illégalement ce que nous devons obtenir légalement ou s'adjuger un marché…C'est un fait culturel, un rituel …
Les arrestations spectaculaires c'est de la poudre aux yeux…C'est anecdotique et c'est l'arbre qui cache la forêt…Nous connaissons tous les « intouchables», ceux-là bénéficient du soutien de l'État-protecteur….