Fait inédit, Moody's rétrograde la note tunisienne de B 3 à Caa1, ou plutôt à Cata1, en s'appuyant sur des motifs principalement politiques.
Cette fois, ce ne sont pas les pâles performances économiques qui sont mises en exergue. Tout cela, on le sait depuis belle lurette. Mais ce sont, bel et bien, les performances institutionnelles initiées au sommet de l'Etat, depuis le début de cette année, qui sont en cause.
« Affaiblissement des institutions, instabilité politique, crise constitutionnelle, gouvernance affaiblie ne permettant pas la mise en œuvre des réformes budgétaires et économiques structurelles. »
Toute la litanie d'une agence de notation, en termes diplomatiques, faisant clairement allusion au dévastateur désordre constitutionnel qui s'est abattu sur notre paysage politique à l'entame
de 2021.
C’est-à-dire, pour ceux qui sont encore dans le déni de réalité, depuis le blocage du remaniement ministériel de janvier jusqu'à l'inversion de la hiérarchie des normes juridiques et la confusion des pouvoirs fixées par le décret 117, en passant par le blocage de la cour constitutionnelle, la révocation illégale du chef du gouvernement, le gel sine die du parlement et la formation d'un nouveau gouvernement illégitime(Ça commence toujours de la même façon : après les coups de menton d'usage, on passe à l'action en privant de leurs droits ceux qui sont à l'étranger puis ceux qui sont au pays, en prétextant que critiquer le président c'est s'attaquer aux 'intérêts supérieurs de la nation'. Une petite musique que nous connaissons tous. La fuite en avant présidentielle n'est pas circonstancielle ou conjoncturelle, comme l'ont cru beaucoup avec béatitude : elle est structurelle. « Les mêmes craintes, les mêmes calamités ramènent les mêmes terreurs ». Disait le grand Historien des Révolutions Jules Michelet.)
Le compte est bon…